Mark Spiro est américain. Auteur, compositeur, multi-instrumentaliste et producteur, il connut son premier succès grâce au titre "Mighty Wings" que Cheap Trick interpréta pour la B.O. du film Top Gun. Cette première réussite lui ouvrit quelques portes célèbres puisqu'il collabora par la suite avec Giant, Bad English, Reo Speedwagon, Kansas, David Lee Roth, Steve Perry, Heart, Mr Big et Winger. Il n'en oublia pas pour autant de proposer quelques opus personnels, sept précisément depuis 1986 et "In Stereo". Le dernier en date ("Mighty Blue Ocean"), que le beau blond avec des lunettes noires composa au sortir de sa victoire sur le cancer, datant déjà de 2005, les aficionados commençaient à trouver le temps long.
Mais l'américain ayant vraisemblablement jugé que sept ans d'attente après sept albums suffisaient nous propose en ce début d'année 2012 son nouveau bébé intitulé "It's A Beautiful Life". Spiro, qui a tout de même écoulé cent millions d'albums et gratté 45 disques d'or et de platine aura-t-il profité de cette longue période de silence pour nous peaufiner une petite bombe d'AOR épuré comme il en est coutumier depuis qu'il a lâché le Hard FM ?
Hé bien désolé pour le désenchantement mais la réponse, aussi cinglante puisse-t-elle être, est que nenni. Pas de bombe à l'horizon donc et encore pire, peu de Rock non plus, simplement un disque correct de chansons easy-listening un brin Rock, un peu Pop et beaucoup Variété, avec un défaut majeur, le son de la batterie. La boite à rythme et ses sonorités trop cliniques ne conviennent absolument pas à ces compositions qui sont sensées diffuser une certaine chaleur.
Ici, aucune guitare ne prend le pouvoir, aucune basse ne ronfle exagérément, aucune nappe de synthé ne perturbe outre mesure l'atmosphère, Mark Spiro gère tout mais épure un maximum ses compositions en se consacrant principalement aux mélodies qu'il assène. Et là, forcément le Prince des Sucreries est souvent redoutable comme sur le titre éponyme, "I Know Who I Love" ou "Come Back To Me", trois morceaux qui balancent efficacement. Mais quand les affaires se calment, et même si "la musique reste jolie" comme dirait ma belle-mère, on s'ennuie tout de même un brin. En fait on reste éveillé car la batterie énerve, comme sur "Love Struck Dumb", "Brand New Beautiful Day", ou "Dance The Lonely Spotlight", particulièrement massacrée. "Might As Well Be Me" et "Dream Big Pray Hard" qui envoient un peu plus, auraient pu tenir la dragée haute aux trois premiers morceaux mais le ta-ta-poum qui tue leur cassent les pattes sans coup férir.
Au final, voilà un disque qui pourrait assez aisément trouver sa place dans la discothèque de votre cabriolet, tant sa trame musicale collerait parfaitement à une ballade à ciel ouvert, sous un soleil de plomb, en compagnie d'une charmante créature qui, grâce à sa conversation forcément au diapason de ses charmes, parviendrait, parfois, à couvrir les sons de cette satanée batterie.