Sans revenir en détails sur l'histoire d'amour entre Joe Bonamassa et le Blues, rappelons tout de même qu'à l'âge de 12 ans à peine, il ouvrait déjà aux Etats-Unis pour des artistes comme Buddy Guy, Foreigner, Robert Cray, mais aussi Joe Cocker ou BB King. Après s'être associé quelques temps avec Erin Davis, le fils de Miles, sous le nom de DNA, Joe se sent enfin prêt à se lancer en solo. Ce qui lui manque, c'est un premier album. Le voici ! Composé de titres qui ont bercés l'enfance de Joe et qu'il a tant de fois joués, "A New Day Yesterday" se révèle vite la carte de visite idéale. A presque vingt ans, le jeune guitariste pioche dans le répertoire de ses ainés et propose, outre quelques compositions talentueuses, pas moins de 6 reprises sur 13 titres.
Et c'est 'Cradle Rock' de Rory Gallagher qui a l'honneur de débuter. Le Blues de Joe Bonamassa se veut avant tout cru et métallique, à l'image du son de sa guitare et de la fougue de sa jeunesse. La voix, brute et sèche, sans les nuances que nous lui connaitrons plus tard, est déjà très énergique et accrocheuse. Bref, si nous sommes encore loin de la qualité des albums post 2007, chacun peut sentir ici le potentiel de l'homme. Aussi douée dans le vieux Blues que le dans le Rock, à travers des accents Heavy ou Folk, la guitare est le véritable fil rouge de cet album.
L'autre révélateur du talent de Joe Bonamassa c'est la présence, dès son premier essai, de pointures venus jouer à ses cotés. Ainsi, on retrouve Rick Derringer sur la lumineuse reprise d'Al Kooper 'Nothin' I Wouldn't Do', ou encore Leslie West et Greg Allman sur le superbe et languissant Slow Blues 'If Heartache Were Nickels'. Joe Bonamassa affirme son amour pour le Rock dur en reprenant aussi 'A New Day Yesterday' de Jethro Tull au solo bien Heavy ou encore le 'Walk In My Shadow' de Free, ternaire et chaloupé.
Dernier point fort de cet artiste hors norme : l'écriture. En attestent 'Colour And Shape' aux multiples ambiances et sonorités, "I Know Where I Belong' très énergique à la voix hargneuse, 'Miss You Hate You' plus léger et Folk ou encore un 'Headaches To Heartbreaks' que Dave Borden transforme en Soul Blues par ses interventions de clavier. 'Curent Situation' évoque de son côté le grand Jimi Hendrix par son énergie et sa rythmique proche du jeu de Mitch Mitchell, alors que la reprise finale d'Albert King, légère et addictive, pousse l'auditeur à relancer l'écoute de "A New Day Yesterday".
Tout est bon dans ce premier essai, au point qu'on lui pardonne très vite son côté parfois décousu et sa production assez brute. Ils étaient nombreux à avoir senti qu'ils tenaient là l'album d'une future star, mais ils ne savaient pas à quel point Joe Bonamassa, bien au delà de tenir hauts les couleurs du Blues, allait sublimer le genre quelques années plus tard.