L’impact qu’a eu "Black Metal" à sa sortie en 1982 est indiscutable. Nous sommes en 2006, et rien n’a changé. Le line-up de la machine Venom a beau avoir été remanié une paire de fois depuis, la légende est toujours là. Les frangins Cronos et Antonn, accompagnés du gratteux Mykus, prennent donc l’initiative de célébrer dignement 25 ans de carrière avec ce "Metal Black". Il pourrait paraitre prétentieux de la part du groupe de se rendre un hommage à lui-même, ou plutôt à son passé, mais le fait est qu’il faut reconnaître que les albums aussi cultes que "Black Metal" se comptent sur les dix doigts.
Pour faire court, nous avons ici un disque qui s’écoute pour s’amuser et faire souffrir les cervicales (comme un peu chaque disque de Venom…). Si l'on met de côté cet éternel folklore et les méchants démons que les british vénèrent (ou se forcent à vénérer) depuis 1981, il reste la musique. Peu de surprises de ce côté-là : du Motörhead sur-dopé, une basse bulldozer, et des textes à la Black Sabbath, mais puissance 10. Ca commence sur les chapeaux de roues avec "Antechrist", titre paru en single pour précéder l’album. Et dès le début, ça cogne sans pitié, et le groupe tient ce rythme infernal sur une bonne partie du disque.
Malgré tout, "Metal Black" souffre malheureusement de beaucoup trop de temps morts et de creux. Aucun titre instrumental ou autres fantaisies, mais beaucoup de pistes à rallonges qui manquent cruellement d’énergie ("House Of Pain", "Darkest Realm"…) et d’autres qui donnent l’impression d’être là pour combler le vide ("Hours Of Darkness"…), car ils sont peu entrainants et vraiment faciles.
A la suite de la tournée qui suivit la sortie de "Metal Black", Mykus claque la porte pour raisons personnelles, mais prendra tout de même la peine de présenter au groupe le petit jeune Rage, candidat au poste de guitariste. Cronos parlera plus tard de lui en ces termes : « Quand Mykus m’a annoncé son départ, le remplacer par Rage me semblait évident. »
Si l’on retient "Metal Black" pour 6-7 excellents morceaux, on s’en rappellera surtout pour les lauriers qu’il lance à un album pas comme les autres. Un disque assez bancal donc, mais assez juteux pour rassurer ceux qui pensaient que Venom était has-been. Et puis, par définition, un album de Venom, ça mérite qu’on l’écoute, pas vrai ?