Dogggone a vu le jour en 2006 et après quelques changements de personnel, s’en est allé enregistrer un premier album dans les studios de "All Production " de Christian Carvin, producteur très actif de pas mal de groupes français (Mindlag Project, Curtiss, ...).
La bio annonce de la musique tendance prog entre mélancolie et fureur, et c’est vrai que les alternances d'ambiance sont fréquentes. Mais ce qui attire premièrement l’attention est ce mur du son linéaire assez typé US. Il est omniprésent pendant tout l’album et c’est sans doute une erreur si le groupe veut se différencier un peu de la masse métallique. Ici le groupe hésite entre du hard US un peu mélodique, du hardcore un peu hargneux, ou encore du métal industriel à la Killing Joke. En voulant être gentil avec tout le monde, il n’est donc ni l’un ni l’autre.
La voix rappelle un peu celle d'Andrew McDermott de Threshold sans en avoir hélas le potentiel émotif. Techniquement le groupe est au point, et pourtant, l’album passe, malgré les écoutes, avec une certaine transparence. La faute à des titres beaucoup trop linéaires et à des mélodies bien trop approximatives.
Mais la base est là, et manifestement l’envie d’en découdre aussi, alors pourquoi ne pas étoffer son propos avec des inspirations plus profondes, telles que celle présente dans l'instrumental "Wintermind", essai fusion entre Pink Floyd et une musique plus industrielle. Cela dure moins de deux minutes mais dénote d’un bagage certain et d'une audace que l'on aurait voulu voir se prolonger. Dommage que ce titre n’ait pas été développé sur une chanson, car son enchaînement avec le titre suivant ("Heal Me"), un peu plus agressif, aurait pu élever sérieusement l’ensemble de l'album.
Après, des titres comme la plage titulaire "And The Rain Fell", qui associe une intro désuette au piano, quelques riffs sérieux et des vocaux variés, "Imagine" pas loin d'un Killing Joke assagi, ou encore "Mordern Love" (peut-être le meilleur titre avec ses synthés inspirés), sont bien sympathiques, mais c’est un peu juste pour s’affirmer sur la scène métal, même française.
Alors la technique et l’envie étant là, il reste maintenant à oser aller au bout de ses idées sans chercher à rester dans un canevas confortable mais finalement handicapant. En attendant un peu plus d'audace et sans vouloir être méchant, voilà un album gentil...