In The Labyrinth est un projet avec à sa tête le Suédois Peter Lindhal, grand admirateur de lointaines contrées (l’Inde en particulier où il effectua dernièrement deux voyages). De renommée ultra confidentielle – il vend moins de 100 disques par an dixit un de ces amis – le multi-instrumentiste extériorise cette admiration en tâtant des jouets musicaux venus des pays visités.
"No Trail To Heaven" est une compilation regroupant des titres inédits, de nouvelles compositions et des morceaux déjà présents sur ses trois premiers albums. Cela s’entend puisqu’il est aisé de discerner les périodes d’enregistrement – de 1993 à 2004 - rien qu’à la qualité des mixages (majoritairement effectués dans son studio personnel à Stockholm). Il est tout aussi facile de cerner les influences au fil de ces années. Le pèlerinage initiatique des différent pays qu’il a visité l’a amené à jouer de plus de 25 instruments qu’il se propose de mettre en valeur ici.
La démarche se rapproche énormément de Blackmore’s Night par son inspiration mais aussi à Camel (la mélodie de "Lost In The Woods Previously" jouée en boucle allant crescendo) ou Mike Oldfield (le son de guitare sur "Moorish Rhapsody" ou "Monsson"). Les rythmes sont très majoritairement lents afin de permettre la mise en place d’une atmosphère propice à une sorte de recueillement permanent. Sur le peu de sont chantés (et on ne peut pas dire que c’est la principale qualité de Peter), une grande partie est interprétée par la gente féminine ("Moorish Rhapsody", "Muscarin Madness") très souvent sous forme d’incantations.
Mais il ne faut pas se tromper, les vedettes ici ce sont les instruments avec énormément de percussions, sitars et tabla pour marquer le rythme, accompagnés des instruments classiques de notre culture tels la flûte ou le violon qui viennent alors nous rappeler au bon souvenir des dernières moutures de Mandalaband sur le titre hommage à Sherlock Holmes "Night Of The Baskerville Killer". Quelques compositions semblent cependant en décalage avec l’ensemble comme "The Endless Of City", noire et moderne (mais à l’image de son idée de notre monde industriel) et "Cloudburst" où l’incantation lente et planante de Helena Selander plombe un peu l’énergie développée en amont.
Finalement, que conclure de cette compilation ? Que Peter Lindhal est une personne de grand talent, que son amour des instruments de tous pays est une force dans son envie de faire partager son admiration. Mais est-il possible de réussir à transmettre cela à l’auditeur lambda éprit des références citées dans cette chronique ? Et bien…oui ! Cette potion folklorique saura lui plaire à partir du moment où il acceptera les quelques petits défauts présents ici et là grèvant quelque peu le tableau idyllique. Cette compilation est à prendre comme un disque témoignage, ouvrant la porte à la discographie de Peter Lindhal.