Après 5 disques en 5 ans et une tournée énorme qui a vu le groupe s’imposer partout, Stratovarius prend enfin le temps de se reposer un peu avant de proposer son 8ème album.
"Destiny" avait vu un groupe au sommet de son art et de sa forme mais qui en même temps commençait à proposer une recette assez connue et qui variait au final assez peu. De quoi se demander si le groupe, après autant d’albums et de grands titres, n’a pas atteint son sommet artistique et s’il saura encore et toujours garder ce niveau.
C’est un Stratovarius très motivé par son succès commercial que l’on retrouve avec "Infinite". Musicalement, le groupe ne change pourtant pas sa recette avec toujours son speed métal mélodique agrémenté de morceaux plus progressifs et épiques. La différence principale vient du fait qu’"Infinite" est moins sombre que son prédécesseur, à l’image de sa lumineuse et superbe pochette. D'autre part, cet album est assez court: juste 9 titres pour moins de 50 minutes, plusieurs titres ayant été mis de côté pour passer en bonus.
De fait, "Infinite" est un bon cru, même si l'on sent clairement que Stratovarius, et Timo Tolkki en tête, arrivent un peu au bout de leurs inspirations. Les faces B en témoignent en grande partie comme si le groupe était conscient de leur qualité un peu inférieure et avait préféré ne garder que ce qui lui semblait être le meilleur. Ainsi, il n’y a pas et heureusement grand-chose à jeter sur ces 9 titres. Le groupe est très professionnel et sait composer le titre qui touche où il faut avec ce qu’il faut d’hymnes de speed métal. C’est le cas du titre d’entrée, "Hunting High And Low", qui est le titre speed classique par excellence, comme le groupe en a déjà proposé pas mal, avec claviers bien mis en avant, un refrain facile à retenir sur lequel Kotipelto fait des prouesses et un solo classique. Dans le même genre suit un très rapide "Millennium" qui s’avère très efficace avec son refrain imparable, et même si le titre est ultra classique pour le groupe, on accroche sans peine à ce qui a tout d’un single taillé pour la scène. Enfin, il y a le très classique "Freedom", sympathique mais pas indispensable, comme tout droit sorti d’un moule de fabrication d’hymne speed métal qui marchent sur le moment mais qui s’oublient rapidement.
Nous trouvons ensuite des titres rapides mais assez épiques, comme "Phoenix", un bon titre au refrain efficace mais avec une batterie un peu trop présente voire même carrément envahissante avant le refrain, ou "Glory Of The World" sur laquelle Johansson s’en donne à cœur joie, accompagnant le solo de guitare avec brio, le tout donnant un des très bons titres de l’album. A coté des ces titres parfois un peu convenus, il reste les deux grands titres épiques, véritable marque de fabrique de Stratovarius, et ces deux titres sont deux très grands moments musicaux. Il y a d’abord "Mother Gaia", sur les 8 minutes duquel nous retrouvons un mélange d’ambiances, avec un début en finesse et une lente montée en puissance, avec en particulier un break voix/piano digne d’un Queen, qui donne le frisson. Puis il y a un formidable "Infinity" avec son introduction grandiose, à la fois épique et symphonique avant que l’on ne soit entraîné dans un tourbillon musical à la fois rapide et progressif avec des chœurs majestueux sur le refrain et un ton général assez cinématographique. Avec ces deux titres Stratovarius prouve qu’il a encore des choses à dire au-delà des titres speed classiques, ces deux titres justifiant pratiquement à eux seuls l’écoute de ce disque tant ils sont réussis et au-dessus de la mêlée speed métal. Enfin nous nous n'oublierons pas le titre final, "Celestial Dream", très courte et jolie ballade acoustique, parfaitement réussie, assez épique, et qui fait du bien après tant de titres rapides.
"Infinite" est donc un album au final assez plaisant, montrant un grand savoir-faire, mais qui manque parfois un peu d’âme et de la fraîcheur des débuts. En effet rien n’est laissé au hasard et parait très calculé. Certes, cela marche encore excellemment bien, mais Stratovarius semble tout de même se trouver à un carrefour de sa carrière, appliquant bien trop souvent une recette qui commence à s’user. La question étant de savoir s’il saura se renouveler et progresser et surtout s’il en a vraiment l’envie et les moyens.