Choisir d'appeler son groupe Mad Max en 1982, trois ans après la sortie du film de Miller, il fallait oser. Mais il faut dire que les soirées Kronembourg chez nos amis Allemands sont plutôt réputées ! Il est alors autorisé de penser que l'idée a pu germer (comme le houblon) à une de ces occasions. Reste que le combo, malgré ces probables débordements mousseux, est encore en capacité de tirer quelques feux d'artifice trois décennies plus tard. Le dernier datait de 2010, mais le line-up d'origine avait disparu des écrans depuis belle lurette. Le voilà remis sur pieds 25 ans après le "Night Of Passion" de 1987 qui avait débouché sur 12 ans de traversée du désert. Et quelle idée pouvait être plus pertinente que celle d'appeler le nouveau bébé "Another Night Of Passion" ?!
Revoilà donc sous les feux de nos rampes les métalleux chrétiens des origines, et force est de constater qu'ils ne sont pas revenus avec des déambulateurs. Jürgen Breforth, l'homme à la guitare rythmique, avait beau asséner à qui voulait bien l'entendre, qu'ici point de claviers, ni de ballades, mais bien des titres Rock simplement racés, prudemment dubitatifs face à ces habituelles annonces, nous demandions à voir, ou plutôt à entendre, ce même s'il est permis de faire un minimum confiance à un combo qui a tout de même titillé l'intérêt de Deep Purple, d'Uriah Heep, de Pretty Maids et de Malmsteen qui les convièrent, fût un temps, à assurer leurs premières parties.
Commençons par étiqueter le genre musical, histoire de permettre à ceux d'entre vous qui sont allergiques au Hard Rock Mélodique de passer à une autre chronique. Nous avons ici à faire à... du Hard Rock Mélodique. De celui qui courre à la fois après la puissance, la mélodie et le côté festif, comme Pretty Maids par exemple, que les deux très accrocheurs premiers titres "Rockhaoma" et "40 Rocks" (où l'esprit de Thin Lizzy traîne également un brin ses guêtres) viennent parfaitement illustrer.
Le reste est à l'avenant, le niveau mélodique des compositions et celui acéré des riffs demeurant une constante jamais prise en défaut. C'est donc un chapelet de titres jouissifs qui nous est proposé, avec notamment le sensationnel "Welcome To Rock Bottom" (celui-là il va être destiné à votre douche, préparez vos cordes vocales), l'exceptionnel "Fallen From Grace" à la mélodie très cajoleuse qui évoque les inspirations d'un Sinner dans ses moments les plus easy listening, ou le passionnant instrumental qui clôt le disque, un "True Blue" apaisant et tout en résonnances, digne des meilleurs moments du Schenk dans UFO.
Voilà donc une des bonnes surprises de ce début d'année tant il est vrai que nous ne nous attendions pas forcément à un revival aussi réussi. Conseillons donc ce disque avec emphase, en assurant qu'à son écoute vous risquez fort une torsion des cervicales à force de jouer à Médor, le toutou sur la plage arrière de votre bolide de course. Comment cette déco est passée de mode ?! Mais vous avez à faire à des quinquas ici mes seigneurs ne l'oubliez pas ! Et des quinquas qui tiennent la dragée haute à bon nombre de jeunes formations du genre, croyez en un autre quinqua.