Si réunir autant de musiciens sur un même disque est en soi une performance (cf le line-up complet de ce disque sur le site du groupe), créer un attrait au delà de ce seul argument en est une autre. C’est le pari de Franck Ribière (alias Franck Karmattitude), guitariste et compositeur de ce Tribute To Modern Guitar que de se faire rencontrer diverses fines lames de la guitare moderne sur ses propres compositions, orientées métal instrumental.
Pour un tribute à la guitare moderne, de mémoire de chroniqueur, rien de si grandiloquent n’a jamais été tenté. Le nombre de musiciens (une soixantaine) jouant sur ce disque est impressionnant. Quelques noms pour faire saliver : Christophe Godin, Dave Martone, Victor Lafuente, Guthrie Govan, Mattias IA Eklundh… Passé l’effet de surprise qu’en est-il des compositions de ce Guitar Addiction ? Contenter tous ces égos surdimensionnés n’a-t-il pas porté préjudice à une entreprise initialement altruiste ? La réponse de normand est la plus adéquate dans ce cas de figure.
En effet, il y a des moments très plaisants dans lesquels une certaine alchimie opère entre les compositions de Franck Ribière et ses invités, et d’autres pour lesquels c’est la démonstration qui prévaut. On ne peut pas en vouloir à ce genre de disque d’exhiber un aspect technique important et de tomber parfois dans l'écueil du patchwork guitaristique.
Ce qui ressort de cette écoute c’est un certain plaisir lors de morceaux plus lents ou planants alors que les titres plus heavy sont moins marquants. Il est naturel que les ballades soient plus propices à un jeu de guitare plus intimiste mettant davantage en valeur le toucher des virtuoses que leurs appétences à descendre des gammes. Même si beaucoup de ces morceaux sont de structure simple pour laisser l’improvisation se faire, ils n’en restent pas moins agréables à entendre ("The End Of The World", "Mr Groove" ou "FRP A Tribute To Mark"). Pour les morceaux plus heavy, de bonnes compositions ("Junkie Foot" ou "Adrenaline Jam") cohabitent avec des morceaux moins structurés ("Frankly Speaking") mais dans sa grande majorité les compositions sont travaillées et les mélodies recherchées.
Ce disque a au moins la vertu de proposer un contenu varié (fusion, métal, jazz-rcok...) et le plaisir qui a dû être celui de Franck Ribière de se voir offrir toutes ces minutes de guitare par ses invités transpire assez largement des onze compositions. Avec près de 70 minutes de guitare instrumentale Guitar Addiction se révèle difficile à ingurgiter d’une traite, mais par prélèvement, selon votre état d’esprit du moment, il y aura forcément un morceau qui vous collera à la peau.