Avec Whispering Tales, voici un sextet nouveau-venu dans l’espace progressif français, originaire de Marseille, et qui a choisi une démarche originale pour construire leur première production, “Echoes of Perversion”. Le scénario de cet album est en fait une longue nouvelle écrite par le bassiste du groupe, nouvelle que vous pouvez lire en intégralité sur leur site. Plutôt qu’un concept, il s’agit donc d’un récit, en gros la quête d’une précieuse relique par deux personnages, un jeune vieillard d’une centaine d’années, conservé dans la fraîcheur de l’age par sa maîtrise des sept composantes de l’âme, et une brillante mathématicienne en fin d’études, les deux héros étant en concurrence avec des adversaires fidèles au quatrième Reich, je n’invente rien.
Ce livret d’aventure est le sujet rêvé pour permettre la mise en place d'un script assez strict, où les scènes d’action seront traduites en chansons, dans un style metal assez marqué, et les interludes seront confiés aux instruments avec prédominance des claviers, agrémentés de quelques bribes de dialogue, un peu à la manière de scènes filmées.
Si le côté “aventure mise en images sonores” de la démarche attire la sympathie, la réalisation est entachée de défauts de jeunesse qui pénalisent le résultat. Passons sur les “interludes” musicaux, titres courts assez peu consistants qui trament une certaine ambiance, mais sont musicalement dispensables et contiennent des illustrations sonores parfois à la limite du ridicule ('Lonely Grave', 'Close Your Eyes').
Les titres chantés (la moitié, donc), sont quant à eux exécutés dans un style rock-metal techniquement propre, avec abondance de riffs et de double-pédale, et légèrement teinté de gothique, comme il sied dans les productions de metal-fantasy à chanteuse. Et là, j’avoue avoir un problème avec le chant, pas suffisamment tranché, pas suffisamment baroque pour apporter une franche originalité, mais au contraire cantonné dans un médium assez anonyme ou un chant aigu bien trop sage pour coller aux ambiances.
Si par moments ('Collapsed', par exemple), la musique frôle une emphase que ne renierait pas un Nolan-Wakeman, le chant reste trop limité pour emporter l’adhésion. Il est d’ailleurs dommage d’avoir limité les vocaux aux seules voix féminines (hormis 'Scent of Darkness'), alors qu’il y a dans l’histoire un héros et une héroïne ... Le groupe s’est arrêté aussi à mi-chemin côté orchestration, privilégiant un côté metal très conventionnel au baroque qui paraissait pourtant logique compte-tenu du scénario. Et l’absence de bons soli instrumentaux limite également le plaisir que l’auditeur aurait eu à se laisser prendre par l’histoire.
Dommage, car la démarche de nos amis phocéens méritait mieux que ce traitement malgré tout fort conventionnel. Il reste un savoir technique qui méritera à l’avenir d’être complété par une production plus ambitieuse.