Il y a des disques qui développent une atmosphère particulière et "Great And Terrible Potions" appartient à cette catégorie. Si l’on omet "Two False Idol" de Tunisia, ce concept album est le premier album signé officiellement Ben Craven. Mis à part la pochette de l’album réalisée par Roger Dean, connu pour avoir travaillé avec Yes, Uriah Heep ou encore Asia, Ben Craven a assuré l’intégralité du processus de création de cet opus (production, écriture, jeu, chant et réalisation des arrangements).
L’ensemble des 9 premiers titres de l’album est enchainé, les 3 dernières plages étant simplement des éditions single réduites qui n’apporteront rien à l’amateur de rock progressif (au vu des versions longues). Ces 3 bonus sont à mon humble avis le seul défaut de cette galette et permettent simplement de la quitter.
"Diabolique", première composition, débute par un grincement de porte, une petite ligne de piano digne d’un film d’épouvante (l'exorciste par exemple). La basse viendra très vite ponctuer le propos et introduire des claviers envoutants. Vous voilà à présent plongé pour 45 minutes dans cet univers mystérieux et il vous sera très difficile de stopper l’écoute avant que la porte ne se referme à la fin du titre éponyme.
Tout au long de l’album des accords, des tonalités, des ambiances semblent faire référence à de nombreux artistes prestigieux. "The Conjurer" est un instrumental typique où l’auditeur attentif retrouvera un peu du "Shine On Crazy Diamonds" des Pink Floyd et dans une moindre mesure quelques larmes de Mike Oldfield. Les amateurs de guitare électro-acoustique et de piano seront quant à eux littéralement transportés par "Solace". "No Specific Harm" et "Great and Terrible Potions", les deux compositions les plus longues du disque, font quant à elles la part belle à une guitare Gilmourienne sans faille. Ce dernier titre est une véritable réussite à mi-chemin entre David Gilmour et Alan Parson Project.
Ben Craven en solitaire réalise l’exploit d’offrir un concept album sans ventre mou, un album plutôt symphonique et instrumental. Le chant est utilisé à bon escient avec parfois quelques effets qui renforcent cette atmosphère feutrée. Les quelques références citées ne sont pas exhaustives tant il y a de richesse dans cette musique. Un album original qui risque de tourner en boucle dans les platines. Les vidéos en public devraient réussir à convaincre les plus sceptiques d'entres nous des qualités intrinsèques de cet artiste. Pour notre plus grand bonheur, l'Australie occupe désormais de plus en plus de place dans notre univers musical.