La catastrophe résultant de "Stripped" aura au moins eu le mérite de convaincre les membres de Pretty Maids qu'on ne les reprendrait plus à céder aux sirènes commerciales ! Décidés à repartir du bon pied, les Danois, bien que virés de chez Columbia et ayant atterri sur le label Massacre Records, ont néanmoins réuni les moyens pour faire appel à Flemming Rasmussen (Metallica, Blind Guardian…) pour produire leur nouvel opus, ce qui va se traduire immédiatement par un véritable mur sonore d'une puissance rarement atteinte par le quatuor. Et cette fois-ci, en pleine vague Grunge, les Scandinaves restent fidèles à un heavy à la fois puissant et varié comme ils sont les seuls à savoir si bien le faire.
Et pour éviter que le doute ne s’installe, ils nous balancent une première salve à l’intensité imparable et symbolique de la variété des territoires explorés avec le même talent renouvelé. "Rise" lance les hostilités, puissant et dynamique et alternant les tempi, suivi du titre éponyme, sombre et heavy avec son refrain agressif. Puis "Psycho-Time-Bomb-Planet-Earth" réunit la vitesse du premier et la puissance du second, y ajoutant une dose supplémentaire de mélodie et quelques chœurs Queenesque en arrière-plan, avant que "This Love" ne vienne rappeler la face la plus mélodique du combo avec ses éléments FM mais musclés. Et voilà Pretty Maids résumé en 4 titres, de retour sur les sommets d’un genre qui ne lui a pas toujours réservé la place qu’il mérite.
Porté par la voix unique de Ronnie Atkins capable de traduire toutes les émotions, les riffs et les soli à la redoutable efficacité de Ken Hammer, et avec une section rythmique qui s’affirme avec dynamisme, "Scream" est à considérer comme un sans-faute, même si certains trouveront à redire aux titres les plus mélodiques tels que le mid-tempo FMisant "Walk Away", ou les traditionnelles ballades "In A World Of Your Own" et "Anytime Anywhere", portées par les claviers d’un Alan Owen revenu pour une nouvelle pige avec ses anciens camarades de jeu, et le piano de Dominique Gale. Si ces titres représentent la face la plus accessible du groupe, ils restent cependant de qualité et ne sombrent jamais dans la mièvrerie, et surtout, ils ne doivent pas faire oublier les multiples grenades à fragmentation qui explosent tout au long de cet opus. "No Messiah" puissant et accrocheur, le redoutable "Don’t Turn Your Sex On Me" écrasant tout sur son passage, ou l’enragé "Adrenalin Junkie", sans oublier de Speed-Mélodique d’un "When It All Comes Down" méritant mieux que le statut de simple bonus avec sa démonstration technique de chacun des membres du quatuor.
Le suicidaire interlude "Stripped" est donc effacé et "Scream" reprend les choses en main, suite logique de "Sin-Decade". Puissant, varié, mélodique et propulsé par l’énorme production de Rasmussen, il redonne toutes ses lettres de noblesse au combo danois et lui permet de repartir du bon pied. Reste à espérer que la suite sera aussi bonne et que Pretty Maids mettra un terme à sa regrettable habitude consistant à alterner albums incontournables et opus plus faibles.