Qu’il semble loin le temps de "Focus" qui a rendu légendaire son groupe géniteur ! Qu’il semble loin le death progressif révolutionnaire de l’époque ! En effet, comme le laissait présager son prédécesseur "Traced In Air", la suite donnée aux festivités serait de moins en moins extrême pour laisser place à une musique conceptuelle oscillant entre jazz-rock et fusion avec comme seul dénominateur commun, le progressif : fil rouge de la discographie de Cynic.
Mais est-ce vraiment une surprise quand on sait que dix années ont séparé les deux albums de Cynic et que pendant ce temps, ses membres se sont investis dans le projet parallèle Aeon Spoke ? Ce n’est donc pas une surprise si les premières notes de "Carbon-Based Anatomy" sonnent… Aeon Spoke et le fait que le titre éponyme soit la réinterprétation d’un titre inédit de Cynic ("Homosapien") explique en partie cette affiliation.
A l’instar d’un Aghora, le caractère tribal des compos est omniprésent tout du long de cet EP avec six titres oscillant entre mysticisme tribal ("Amidst the Coals" et "Bija!") entretenu par la voix envoûtante d’Amy Correia et prog metal atmosphérique pour le reste, même si la connotation "metal" est à prendre avec des pincettes. Une musique où prédominent les guitares éthérées de Paul Masvidal, la batterie hypnotique et chirurgicale de Sean Reinert et la basse de… Sean Malone revenu faire une pige pour l’occasion et ainsi reformer le trio mythique…
S'il n’a rien d’extraordinaire en soi et encore moins de révolutionnaire comme son illustre aîné, cet EP de 23 minutes présente l’intérêt de confirmer la mutation artistique amorcée sur "Traced In Air". Et accessoirement "Carbon-Based Anatomy" permet à Cynic de continuer d’occuper une scène musicale qu’il avait laissée trop longtemps vacante.