Cet album fait suite au très poétique "My Arms, Your Hearse", album qui aura donné naissance au style d’Opeth tel qu’on l'a connu jusqu’à aujourd’hui, c’est-à-dire plus lourd que "Morningrise", et plus mélodique que "Orchid". A noter que, suite aux nombreux changements dans le line-up de la formation, Mikael Akerfeldt a composé la totalité de l’album seul. Il donne ainsi naissance à un concept-album dans lequel nous suivons les pérégrinations d’un homme qui, après avoir été chassé de son village pour athéisme, revient 15 ans plus tard pour retrouver l’amour de sa vie.
La première chose qui frappe est l'amélioration notable de la production et de la recherche sonore du groupe, Mikael Akerfeldt et Peter Lindgren obtenant ainsi des sons de guitares tranchants et massifs. L’album débute en beauté sur ‘The Moor’, un morceau typique du groupe et teinté d’une ambiance épique, sombre et tragique (ainsi que d’une allusion à un célèbre groupe suédois des années 80…), ambiance que l’on retrouvera dans l’album sur ‘Godhead’s Lament’ ou ‘White Cluster’.
Les riffs présents sur l'album sont bien plus lyriques que précédemment même si certains passages possèdent des airs de "Deliverance" avec ses structures hachées (‘Serenity Painted Death’), et sont soutenus par un Martin Lopez impressionnant, enchaînant blasts et passages plus subtils avec aisance. Malgré la rupture que constitue cet album, en particulier aux niveaux sonores et structurels, Opeth n’oublie pas ses racines comme en témoigne ‘Moonlapse Vertigo’, un titre qui aurait très bien pu figurer sur l’album "Morningrise" et qui n’est pas sans rappeler ‘The Night And The Silent Water’. En effet ce morceau se caractérise par une utilisation plus subtile de la charleston, peu de double pédale, moins de growls et des riffs plus verticaux, plus mélodiques.
Comme toujours, les Suédois incluent des morceaux plus calmes comme ‘Face Of Melinda’ ou ‘Benighted’, cette dernière étant totalement en chant clair. L’album se clôt de manière remarquable avec 'White Cluster', un condensé des qualités de l’album avec un chant clair impeccable, une ambiance assez épique mais toujours aussi sombre.
"Still Life" pourrait à juste titre être qualifié d’ album de transition car situé chronologiquement entre deux chefs d’œuvre, à savoir "My Arms, Your Hearse" et "Blackwater Park". Cependant, il n’en est pas moins un album de grande qualité, très homogène, possédant un équilibre mélodie/violence bien plus marqué qu'auparavant, dans lequel Opeth a affiné son style, tant au niveau technique que structurel, et ont acquis en maturité musical.