Il le sait, Sir Hodson, que tout le monde va lui seriner la même rengaine : 'ton album, c'est très bien, mais c'est du Ten avec un chanteur plus expressif !' Comme si, à tenir les claviers pour le groupe depuis des années, il avait fini par se dire qu'il pourrait jouer les monsieur plus en prenant une porte dérobée...
Point donc d'énaurme surprise à l'horizon, mais plutôt un excellent travail de composition, d'arrangement, d'interprétation. Paul Hodson sait parfaitement enrober ses chansons, dans la grande tradition hard FM. Il tente aussi des incursions originales dans l'orientalisme (le syndrome Rainbow) avec l'excellent deuxième titre : "Jelunda".
Ce projet est à bien des égards un hommage à la tradition, et fait pour les fans. Les musiciens sont tous issus du milieu Melodic-Rock anglais, et ont roulé leur bosse avec Bob Catley (ex-Magnum), entre autres. Notre Paulo lui-même a écrit tout un cd pour lui ("When Empires Burn").
Hodson chanteur a tendance à forcer un peu pour atteindre la norme Ronnie James Dio mais ça passe. Ses lignes vocales poussent efficacement les mélodies. Et la reprise de Rainbow vient logiquement se trouver une place dans l'album ; c'est "Light In The Black", qu'on peut trouver sur "Rising" (1976).
Le groupe a retenu les meilleures leçons des années 70/80. Jolie idée, par exemple, ce passage acoustique sur "The Calling", qui s'ouvrait pourtant sur un riff puissant et racé. Tiens, voilà un autre talent du claviériste-leader : ses intros emballent à merveille ! Un booster à l'efficacité garantie.
"This Strange World" semble un complément idéal à Ten, et une fois affranchi de ce gigantesque pygmalion, Paul Hodson pourra viser encore plus haut.