En voilà un disque qui était attendu ! Après trois albums de fort belle tenue, les Norvégiens de Gazpacho avaient un beau défi à relever pour maintenir la qualité de leurs livraisons.
Point de concept cette fois-ci, mais un ensemble de petites nouvelles décrivant le récit d’un personnage poursuivi par des esprits cherchant à lui narrer leur histoire telle celle du ‘Marie Celeste’ – un bateau retrouvé vide en pleine mer en 1872 -, de criminels de guerre haïtiens, ou encore du fantôme d'un auteur anglais de comédie qui a été injustement accusé de trahison. Point de concept mais un fil rouge tout de même avec "Hell Freeze Over" et sa construction en 4 parties reprenant un thème décliné sous forme de loops facilement identifiable et la liaison de certaines plages entre elles.
La production est, comme d’habitude, calibrée au millimètre, et le passage chez K-Scope n’a pu qu’améliorer cet état de fait. On retrouve toujours autant de profondeur dans les basses fréquences apportant une base sûre et stable, une voix chaleureuse et envoûtante mise éperdument en valeur, ainsi que des interventions au violon, cello ("Mary Celeste") et autres instruments celtiques telle la flûte irlandaise (sur "Hell Freeze Over II "notamment).
Les guitares, quant à elles, se font plus agressives puisque souvent couplées à celles de la batterie afin d’apporter de la percussion. "Mary Celeste" débute langoureusement dans la pure tradition du combo norvégien, mais le final bascule vers un folklore irlandais à l’image des premières livraisons de Mostly Autumn.
Le morceau le plus calme ("What Did I Do ?") est bercé par le violon et totalement basé sur la voix chaude de Jan-Henrik en multiples couches superposées. Bien que ce titre soit le plus lent et le moins varié, il contribue fortement à l'unité de l'album puisqu’il sert de transition entre 2 parties légèrement différentes de l'opus. En effet, la seconde partie se veut plus forte et progressive, avec en particulier le quatrième mouvement de "Hell Freezes Over" reprenant le thème dans un style assez métal (pas trop non plus tout de même !). "Golem" se permet de lorgner vers des horizons africains avec des percussions proches du djembé et des atmosphères arabisantes.
Au final, rien de révolutionnaire... Les détracteurs continueront à trouver le rock progressif de ce groupe langoureux et mou tandis que les inconditionnels ne pourront que se délecter une nouvelle fois de bien belles compositions. Si le propos ici présent penche plutôt du coté de "Night" par son atmosphère envoûtante, les incursions vers les différents folklores cités apportent une touche que nous connaissions peu dans la discographie du combo (mis à part 'The Walk Part I' sur "Tick Tock"). Assurément un grand disque... Une fois de plus !