Publié en 1979, dans la foulée du succès de la fameuse doublette Overkill / Bomber quelques mois auparavant, On Parole possède surtout un intérêt historique plus que musical car il s’agit en réalité du premier enregistrement officiel de Motörhead, capturé quatre ans plus tôt mais resté alors dans un tiroir, le label United Artists qui doutait de son potentiel commercial ayant refusé de le sortir à l’époque. Mû par l'odeur du tiroir-caisse, la maison de disque changera bien évidemment d’avis un peu plus tard, une fois le groupe installé en haut des charts.
Au-delà de cette destinée tortueuse, On Parole est un document d’histoire en cela qu’il demeure le seul album où l’on peut entendre le line-up originel, composé, outre l’indéboulonable Lemmy Kilmister (chant et basse), du guitariste Larry Wallis et du batteur Lucas Fox dont il ne reste en fait que la (modeste) contribution au seul "Lost Johnny", ses autres parties de batterie ayant été réenregistrées par Phil "Animal" Taylor. Il ne manque donc plus que Fast Eddie Clarke pour que la formation "historique" soit complète, ce qu’elle sera dès l’année suivante, conjointement au départ de Wallis.
Bien que la majorité de ses compositions seront réutilisées pour l’album éponyme gravé en 1977, telles que "Vibrator", "The Watcher", "Iron Horse/Born To Lose" et bien entendu "Motörhead", à l’origine un titre d’Hawkwind dans lequel Lemmy jouait précédemment et qui donnera donc son nom au groupe, On Parole étonne par son manque de puissance et par un style parfois presque méconnaissable encore en gestation et toujours marqué par une influence MC5 et plus généralement celle du rock’n’roll sixties ("On Parole"), époque dont le bassiste n’a d’ailleurs jamais caché être un grand fan.
Les Anglais se cherchent, c'est évident. Les lignes vocales s'avèrent moins sales qu'elles ne le seront plus tard, Lemmy partageant même le chant avec Wallis, au timbre plus doucereux. le son est propre et la musique louche par moment vers le rock psychédélique ambient, le temps du lent et curieux mais néanmoins réussi "Iron Horse/Born To Lose". Pourtant, on sent déjà qu'il ne faudrait pas grand-chose pour que le ton se durcisse. La révolte et la sauvagerie grondent sous la carapace du titre éponyme où l'on devine, certes encore timidement, une énergie frontale qui ne demande qu'à s'extraire de sa gangue.
Œuvre imparfaite qui manque d'une ligne directrice précise, se dispersant entre divers directions, On Parole est à prendre pour ce qu'il est, l'ébauche d'une identité bouillonnante et le lien entre les débuts space rock et psyché de son fondateur et le Speed Metal furieux qui fera sa gloire.