Comme s'il prenait le contre-pied de sa première aventure solo en 2000, Joe Bonamassa propose avec "So, It's Like That" un album à la couleur bien différente. Après un Blues cru et métallique, tout en muscle et très direct, notre chanteur/compositeur/guitariste prouve qu'il peut aussi faire dans le plus fin et travaillé. Le Blues de Joe prend alors des allures de Rock mélodique à la Joe Louis Walker, étoffé, riche en sons de guitare variés et bien plus accessible. Et force est d'avouer que ce répertoire lui convient moins bien.
Si l'on fait exception du plus sombre "Unbroken" tout en Hammond et guitare acoustique, Joe ne nous sert ici que des compositions. Et tout débute avec 'My Mistake' à la mélodie très sudiste. La voix de Joe se fait aussi plus douce sur la majorité des titres et les nombreux accents Pop/Rock rappellent parfois les inflexions Bluesy d'un White Lion, Nickelback voire même, en exagérant un peu, Bon Jovi. Ainsi, la ballade 'Waiting For Me' parsemée de mandoline, les sympathiques 'Never Say Goodbye' ou 'Stick In Love', malgré de jolis passages presque Folk et une belle production, manquent un peu de personnalité et de gouaille. Tout cela sonne un peu trop grand public de la part d'un bluesman si talentueux et original.
Heureusement, un Blues-Rock plus direct surnage dans des titres comme 'Lie, No.1', un titre éponyme très boogie et digne du meilleur Stevie Ray Vaughan, ou encore le très long et rugueux 'Pain And Sorrow' ou 'Takin' The Hit', sans aucun doute le meilleur moment de l'album et dont le riff très Rock’n’roll et entêtant vous fera bouger bien plus que la tête. Enfin, derrière un plus sincère 'The Hard Way', se cache en ghost-track une douceur Soul aux accents Lounge, agréable mais bien surprenante.
Bref, on ne sait pas toujours où notre ami Joe veut en venir sur ce deuxième essai studio et il en résulte une écoute en demi-teinte où l'auditeur est parfois emmené très loin dans un club enfumé de Chicago, pour sur le titre d'après, se retrouver dans un sympathique concert pour midinette en recherche de sensations romantiques avec un Cow-Boy Lover. Alors oui, l'intention de surprendre et de mélanger au Blues des genres nouveaux était voulue, mais "Attention où tu mets les pieds Joe !"