Nous voici devant le quatrième album de nos futurs rois d’Angleterre deux ans après "The Viewing Point". Puissamment ancré dans les années 70, le groupe avait précédemment séduit par son style qui faisait la part belle aux longues plages répétitives et planantes. TFKOE nous revient donc avec ce nouvel album, basé sur le livre de MR James "Oh Whistle And I’ll Come To You My Lad" racontant une histoire de fantôme.
Deux ans ont passé et si le revirement n’est pas total, la nouvelle orientation prise par le combo pourra surprendre les habitués qui s’attendaient à vivre une nouvelle fois un retour vers le futur... Cette fois la production a fait un bond de trente bonnes années pour se positionner tout bonnement dans les carcans de notre époque avec la lente disparition de ces sons de claviers vintage et autres particularités vinylique. La section rythmique est traitée d’une façon plus incisive notamment sur l’avant dernier titre (et justement le plus réussi).
Mais si l’introductif "Journey To The Coast" nous fait voyager du coté de Venise, les quelques ressucées du passé sont encore présentes avec "The Globe Inn" soyeux et nourri au son de l’époque. Les trois petites compositions ("Finding The Whistle" et les deux parties de "The Watcher") offrent quand à elles des petits bouts d’expérimentations où les voix rencontrent des guitares acoustiques pour des duos introduits (ou terminés) par des bruitages.
Ce qui fait donc la force de cet opus c’est sa modernité apparente qui fait feu de tout bois dans les deux dernières compositions permettant aux passages répétitifs guitaristiques initiaux de "A Face Of Crumpled Linen" de monter en puissance puis, coupés par un long solo planant d’orgue, de reprendre de plus belle pour finir dans un feu d’artifice où l’ensemble des instruments se met à l’unisson. Il est aisé de faire un lien avec Ozric Tentacles d’autant plus que "Spectacle Of A Scarecrow" reprend la même construction mais s’échoue sur un bruitage de…corbeaux. Le titre éponyme voyage allégrement dans un espace temporel dans lequel se délecteraient les groupes basés sur les sons synthétiques (Tangerine Dream, Klaus Schulze) puisque entièrement construit sur des nappes de claviers parsemés d'expérimentations qui ont le malheur de faire sombrer l’auditeur dans l’ennui le plus profond.
Deux compositions dignes d’intérêt cela fait peut pour un groupe qui avait montré d'autres prédispositions sur les deux précédentes livraisons. A l'exception d'un titre, le charme des longs solis de 6 cordes a disparu, la folie contrôlée et progressive s'est évaporée et les développements qui étaient la force de The Future Kings Of England sont aux abonnés absents. Espérons que le prochain opus soit plus en adéquation avec les qualités de ce groupe...