Ouch !!! Oui, je sais, voilà une introduction en matière assez peu conventionnelle pour une chronique. Cette onomatopée résume pourtant assez bien à elle seule l'impression laissée par "Under Wraps".
Flash-back sur les dernières productions de Jethro Tull : après avoir exploré dans tous ses recoins la trame folk aux travers de trois albums, "Songs From The wood", "Heavy Horses" et "Stormwatch", le groupe ouvre brillamment la nouvelle décennie avec l'album le plus nerveux de son histoire, "A", remerciant pour l'occasion une bonne partie de son ancien personnel. Puis arrive "Broadsword And The Beast", un album un peu balourd dans lequel se poursuit la valse du personnel : le très efficace Mark Craney se voit remplacer derrière les fûts par le très quelconque Gerry Conway, et aux claviers d'Eddie Jobson se substituent les synthés de Peter John-Vettese .
Si "Broadsword And The Beast" était un peu décevant, "Under Wraps" s'avère carrément indigeste. Gerry Conway passe à la trappe, remplacé par … une boîte à rythmes. Peter John-Vettese , lui, prend du galon : non seulement il signe avec Anderson une bonne partie des titres de l'album, mais ses synthés, discrets sur l'opus précédent, sont désormais omniprésents. Il en résulte une succession de titres électro formatés à la sauce des années 80, à la rythmique d'une horripilante répétitivité, monotones et sans âme. Du sous-Alphaville, de l'ersatz d'Indochine, de la pâle copie de Kraftwerk. Une musique datée, démodée, qui était peut-être dans l'air du temps à l'époque de la sortie du disque, mais qui ressemble aujourd'hui à une épouvantable verrue dans la carrière de Jetho Tull.
Pourtant certains titres semblent dotés de mélodies intéressantes ('European Legacy', 'Later, That Same Evening', 'Tundra', 'Heat'), mais celles-ci sont tellement noyées sous la sauce écœurante des synthés/boîte à rythmes/vocoders qu'il est impossible de les apprécier. Il est étonnant que Ian Anderson, perfectionniste comme on le connaît, n'ait jamais songé à donner une seconde chance à ces morceaux en les habillant d'un arrangement plus approprié. Il n'est que l'acoustique 'Under Wraps #2' pour échapper à ce traitement indigeste, mais qui semble du coup curieusement hors sujet.
Seuls les collectionneurs les plus acharnés pourront trouver un intérêt à l'acquisition de ce disque. Les simples amateurs de Jethro Tull comme les adeptes de musique électro zapperont bien vite cet album raté.