Après l’échec de "Windows" Taï Phong est à la limite de l’explosion et mettra trois ans pour se remettre de cette déception. Entre temps, JA Gardet et Tai Sinh sont partis, remplacés par Pascal Wuthrich et Michael Jones (oui, oui celui qui sera le fidèle lieutenant de JJG par la suite). Les petits nouveaux prendront activement part aux titres puisqu’ils cosigneront "Thirtheenth Space" et que Michael Jones se chargera seul de "How Do You Do". JJ Goldman composera "End Of An End" et "Sad Passion", Stéphane Caussarieu "Farewell Gig In Amsterdam" et Khanh Maï le titre éponyme.
Au regard de la distribution des rôles pour chaque titre il apparaît évident que le groupe a perdu de sa cohérence, JJ Goldman ne désirant plus participer aux concerts (il est remplacé par Michael Jones) et, déçu par l’accueil des deux 45 tours sortis entre 1977 et 1978, la motivation du groupe est au plus bas (à noter qu’une très bonne biographie est disponible sur le site web du groupe). Le travail en studio est difficile et verra l’absence de certains membres sur certains titres (notamment JJG sur "Thirtheen Space" et "How Do You Do") et Khanh sur "Sad Passion" et "Thirtheen Space".
Le résultat de cette ambiance est un album toujours progressif mais plus rock (entendez moins ambitieux), bigarré, manquant de liant et d’unité, mais toujours porté sur un beau travail au niveau des voix, notamment les chœurs. Le son sonne d’époque (vintage) apportant en 2012 un réel manque de profondeur surtout sur le traitement de la batterie malheureusement très métallique dans le rendu. Le progressif se fait remarquer par de fréquents breaks sur les titres les plus longs, alternant périodes soutenues et autres plus planantes ("End Of An End" et son intervention de claviers dans une sorte de démonstration dans un autre temps). "Sad Passion" et "How Do You Do" donnent plutôt dans une prémice de variété décalée et signe de l’atermoiement du combo. Deux compositions à oublier dans le contexte du groupe et de son passé.
"Thirtheen Space" zieute du coté de Supertramp avec son piano et sa construction à phases alternatives. Cependant, la courte longueur ne permet pas au titre de trouver une puissance salvatrice. Finalement c’est bien le titre éponyme (fruit de Khanh Maï) qui permettra au combo francilien de donner le meilleur de lui-même avec un retour quatre ans en arrière et une qualité de composition progressive et envoutante à souhait (notamment le solo de 6 cordes central d’une efficacité déconcertante, et le duo piano/voix aboutissant sur un final émotivement fort).
Un titre au dessus du lot, deux en dehors du sujet et trois autres qui tournent autour du pot sans convaincre ne permettent finalement pas à "Last Flight" de renouer avec la réussite des deux précédents albums. C’est bien un groupe en décomposition avancée qui sera à l’origine de cet opus passable et dispensable hormis le titre éponyme. Cela fait peu et ne justifie pas à lui seul l’achat de ce disque, sauf si vous le trouvez à petit prix (et c’est tout à fait possible).