The Doors fait partie de ces groupes qui, guidés par un leader génial, ne restent actifs que sur une très courte durée pour finalement laisser une trace indélébile dans le monde de la musique. Ainsi, en 8 années de carrière (1965-1973), ils vont devenir l’un des groupes les plus influents des années 70 en produisant un rock psychédélique brillant et fortement teinté de blues. En 1971 sort le sixième et dernier album des Américains en compagnie de leur leader, Jim Morrison ! Après avoir enregistré cet album en 10 jours, accompagné des membres habituels du groupe aidés par Jerry Scheff à la basse et Marc Benno comme guitare additionnelle, il va partir vivre ses derniers jours à Paris pour se consacrer à la poésie et au cinéma, ses deux passions. Il y décèdera le 3 Juillet de la même année à 27 ans…
Cet album est une sorte de retour aux sources pour The Doors, car ils vont ici renouer avec le blues et le rock, qui constituent la base de leur musique. Ainsi, la section rythmique du groupe est plus que jamais assurée et maîtrisée avec des riffs de basse tout bonnement géniaux (‘The Changeling’ ou ‘Riders On The Storm’) soutenus par une batterie assez effacée mais très efficace et en parfaite symbiose avec la basse. On peut déceler une influence jazz dans ‘Cars Hiss By My Window’, notamment par l’utilisation de balais à la batterie. L’ajout d’une guitare rythmique permet à Robby Krieger de poser plus de mélodies et de s'autoriser quelques écarts comme l’utilisation d’un bottleneck (L.A. Woman).
Jim Morrison nous gratifie tout au long de l’album d’une voix tout simplement incroyable ! Une voix qu’on jurerait sortie de la bouche d’un vieux bluesman noir des années 30 ! Cela est flagrant sur le très blues ‘Been Down So Long’, où son timbre, plus rauque que jamais, est éblouissant.
Malgré la dominante blues-rock de l’album, Jim se permet évidemment d’ajouter la touche poétique qui le caractérise, comme sur le magnifique ‘Riders On The Storm’, titre se déroulant dans un fond pluvieux et orageux, ou même sur ‘L’America’, ce-dernier étant une adaptation musicale de l’un de ses poèmes. Pour soutenir cette ambiance poétique et psychédélique, les claviers sont toujours au rendez-vous, tantôt lyriques et mélodiques, ou plus bluesy sur des titres comme ‘Love Her Madly’ ou ‘Been Down So Long’.
"L.A. Woman" est un incontournable dans la discographie de The Doors et dans le rock en général car il est le dernier avec Jim Morrison mais aussi par ses qualités indéniables et ses ambiances d'une autre époque. Certes, Jim chante parfois un peu faux, certes il y a quelques erreurs minimes dans l’interprétation ! Cela n’est rien comparé à l’influence que cet album aura sur toute sa génération. "L.A. Woman" est un petit pas pour The Doors, mais un grand pas pour le rock’n’roll !