Malgré une carrière déjà bien fournie (8 albums déjà depuis une quinzaine d'années) et des prestations live intenses, les hongrois d'Ektomorf n'ont jamais vraiment convaincu au-delà d'un cercle de fidèles. Ils doivent cela à une musique semblant figée depuis ses débuts et à une image de clones de Soulfly et Sepultura qui leur colle à la peau. Si cette dernière affirmation hérisse souvent le poil des membres du groupe, elle reste cruellement d'actualité au vue des deux derniers disques du groupe qui n'affichaient guère de personnalité.
Comme son nom l'indique, "The Acoustic" est un album entièrement acoustique, exercice très rare dans la scène thrash pour ne pas dire inédite. Mais il faut se rassurer, acoustique ne signifie pas mollasson ni ennuyeux. Ektomorf a réussi à sonner heavy grâce à des vocaux qui restent puissants et une musique qui sait envoyer la sauce malgré ce format musical.
Au programme on trouve 5 titres déjà connus et retravaillés, 5 nouvelles chansons et deux reprises de classiques très loin de la famille musicale du groupe. Et le résultat est assez bluffant car Ektomorf dans ce format s'avère plus convaincant et sincère que sur tout ses albums réunis. Ses deux relectures, "Simple Man" de Lynyrd Skynyrd et "Folsom Prison Blues" de Johnny Cash sont très réussies et sont un bel hommage aux originales. Sur "Simple Man" Farkas Zoltán est excellent au chant, sachant parfaitement se faire mélodique sans dénaturer ce classique absolu alors que "Folsom Prison Blues" garde ses aspects originaux avec un petit côté rock'n'roll plus que sympathique.
Les titres repris d'Ektomorf profitent aussi de ce traitement. Débarrassés de la couverture thrash à la Soulfly, ils s'avèrent nettement plus intéressants et moins pénibles à écouter. Et en gardant une puissance certaine les morceaux ne sont pas dénaturés tel "Who Can I Trust" qui gagne même un côté sombre et inquiétant notamment grâce au chant. De même, "I Know Them" et "I'm In Hate" restent dans cette configuration de purs morceaux de métal avec une certaine agressivité que les guitares acoustiques parviennent à bien retranscrire.
Les nouveaux titres s'écoutent eux avec plaisir et même si ils sont tous issus du même moule avec des sonorités renvoyant un peu à la scène américaine de Seattle pas loin d'un Alice In Chains ou d'un Soundgarden, ils sont fait avec une certaine sincérité. Ainsi la triplette "Again", "Through Your Eyes" et "Fate" est-elle réussie, emprunte de douceur et de feeling et dégageant un potentiel commercial que l'on n'aurait pas soupçonné chez Ektomorf.
Ektomorf signe ainsi avec "The Acoustic" une surprise presque divine tant elle est inattendue. En osant sortir de sa routine, le groupe s'offre un réel coup de maître. Il reste à espérer que cette récréation leur donnera des idées et un feeling neuf pour leur futur album studio. Il serait à présent fort dommage de retomber dans les travers du passé.