Bien que "Healings" ne soit que leur premier album, le marketing de "The Wars" génère un fort sentiment de professionnalisme, comme en témoignent leurs photos promotionnelles. Le trio allemand cherche indéniablement à se doter d’une image à la fois sophistiquée et légèrement avant gardiste, une démarche qui semble illustrer les grandes ambitions que nourrit le groupe.
Cette volonté de se positionner en tant que groupe « tendance » (sans aucune connotation péjorative) ne se retrouve pourtant pas au niveau de la musique, en l’occurrence, un Rock empreint de lourdes réminiscences de la scène Dark britannique des années 80. Le résultat parvient alors à se montrer suffisamment accessible tout en conservant une part de complexité et de lourdeur propre à satisfaire un public averti assez large.
On peut également retrouver des touches d’à peu près tous les groupes Rock qui ont rencontré du succès (commercial ou d’estime) ces dernières années. Nous sommes ainsi parfois assez proche des sonorités à la U2 (période 1990 à 1998), mais également des envolées propres à Muse, ou bien de certaines ambiances qui nous renvoient à Sigur Ros. La pop sucrée des Cardigans s’invite également à la fête.
Mais indéniablement, ce sont les très fortes influences New Wave / Cold Wave britannique des années 80 qui dominent l’ensemble. Les ombres de Bauhaus et de Joy Division sont ainsi omniprésentes. Cette improbable dichotomie entre pop légère et Cold Wave lourde et sombre est agencée avec une maitrise consommée et l’on adhère assez facilement aux morceaux proposés par "The Wars"
Quelques petites excursions Electro pop et des nappes de claviers aux ambiances atmosphériques tendent à rendre le résultat un peu plus « contemporain ». Il n’en reste pas moins que si les nostalgiques de la bande à Peter Murphy (Bauhaus) seront en terrain connu, l’artwork du groupe n’étant d’ailleurs pas sans rappeler l’esthétisme architectural de Bauhaus, les autres hésiteront probablement entre incompréhension face à ces sonorités venues d’un autre âge ("Safari"), et adhésion à une musique qui sait malgré tout se montrer très accessible à l’image de l’entrainant "White Out". Nonobstant un savoir faire et un professionnalisme sans faille, le groupe peine donc un peu à convaincre du fait d’influences par trop prégnantes.