Un groupe australien, distribué par Bad Reputation en France, voilà qui rappelle un certain Koritni. Pourtant, s’il partage ses origines, ainsi qu’une honnêteté évidente avec le combo du beau Lex, les comparaisons s’arrêtent là pour Dirt River Radio. Fondé par les chanteurs-guitaristes Alex Raunjack et Heath Brady, le quintet de Melbourne œuvre en effet dans des sphères beaucoup plus calmes et intimistes, les guitares acoustiques se taillant la part du lion dans la plupart des compositions de ce "Come Back Romance, All Is Forgiven" qui fait suite à un Ep du même nom dont les 5 titres sont repris dans ce premier album.
Pas de riffs métalliques ici, ni de murs sonores ou de cavalcades guitaristiques, mais une ambiance digne d'un bon pub enfumé et résonnant du bruit des discussions animées entre potes. Il suffit d'ailleurs de porter un peu d'attention aux paroles de certains titres pour constater que nous avons affaire à des mecs qui ne sont pas forcement pressés de rentrer à la maison pour retrouver mémère ("The Boys In The Public Bar"), et qui préfèrent oublier leurs soucis autour de quelques bonnes pintes de bière ("All My Friends"). Si l'on pense aux Pogues sur l'enchainement de ces titres placés en milieu d'album, influence revendiquée par le groupe, le reste se promène plutôt aux frontière du Folk et de la Country, variant les ambiances entre des tonalités hispano ("Ballad Of A Broken Man" et sa trompette), ou plus bluesy ("American Beer"), pour un résultat global à écouter en regardant un soleil flamboyant se coucher sur les plaines, qu'elles soient australiennes ou nord-américaines.
Seuls les Rockabilly de "Chase The Sun", groovy avec son harmonica, et d'un "I'll Be The One" aux accents sexy dignes du King Elvis, viennent interrompre la tranquillité de cet opus à la chaleur roots et attachante. On pense parfois à Chris Isaak ou à Calvin Russell ("American Beer"), voire à Bruce Springsteen ("The River"), sans que l'intégrité des Aussies puisse être remise en question, et ceci jusqu'à ce que "A Song For You" nous emmène vers l'horizon sur quelques highways désertiques avec son léger mid-tempo countrysant porté par une slide délicate.
Voilà donc un album qui ne révolutionnera pas la face du Rock mais qui en offre une représentation d'une grande authenticité. Son écoute n'entraine pas de sauts épileptiques ni de mouvements incontrôlés de la nuque, mais elle permet cependant de passer un moment agréable et sympathique, si possible en compagnie d'une bande de copains avec une chope bien remplie à la main.