Les chroniqueurs ont parfois des jours difficiles. Celui que j’ai utilisé pour parcourir “The Capital in Ruins” du groupe américain Spiral en fait partie. Rien d’agréable en effet dans le fait de découvrir que cette production frise la caricature, tant elle cumule les erreurs qu’on aimerait ne jamais voir réunies sur un opus ...
Se réclamant du Prog Space Rock Goth Folk Psychedelic Science Fiction Fantasy Progressive Rock (sic), Spiral essaye péniblement de recycler des recettes éculées, vaguement inspirées du Kraut Rock qui a eu son heure de gloire principalement en Allemagne (Tangerine Dream et Kraftwerk en tête, qu’ils me pardonnent de les citer à côté de cette insipidité musicale).
Sur fond de musique planante, le son de l’album est globalement moche, avec une guitare salement distordue jouant des lignes harmoniques très pauvres, s’égarant souvent dans des divagations à rallonge sans consistance, et arrivant même à jouer faux par rapport à la ligne ryhtmique (‘Without Others’, vers la cinquième minute). Le chant est calamiteux, régulièrement faux pour la voix masculine (par exemple, début de la neuvième minute de ‘Beyond the Edge of Time’, mais ce n’est qu’un court échantillon), et mal maîtrisé pour le chant féminin. La batterie est totalement anonyme, la plupart du temps programmée mais pas toujours, puisqu’elle arrive à être parfois en-dehors des temps ('The Memories Speak', vers 8’). Le tout dans un manque d’inspiration quasi-total ; il y a ainsi dans ‘The Capital in Ruins’ une note de synthé tenue seule pendant 2 minutes 30, j’ai mesuré ... et voilà comment arriver à produire des morceaux longs (quatre sur cinq dépassent les dix minutes), dont l’écoute se révèle un pensum interminable.
Cette erreur - car faire paraître une telle production, ça s’appelle une erreur - n’échappe au désastre total que grâce au début de ‘Without Others’ où quelques idées de transition et une certaine mélancolie pourront être décelées, si l’auditeur arrive à passer outre les approximations des musiciens. Deux minutes de vagues idées n’ont jamais sauvé un album médiocre qu’il faudra rapidement oublier. Avec six albums parus en 18 mois, Spiral aurait tout intérêt - et nos oreilles aussi - à miser sur la qualité plutôt que sur la quantité.