C’est en 2006 que celui que d’aucuns considèrent alors comme une possible relève au défunt et jamais vraiment remplacé Thin Lizzy, commence à faire parler de lui grâce à un galop d’essai éponyme de bonne mémoire et à une série de concerts en ouverture de Wishbone Ash, W.A.S.P. ou Bob Catley. Origine irlandaise commune, présence du grand producteur Chris Tsangarides (qui travailla sur Renegade et Thunder And Lightning) et surtout recette d’un Hard-Rock élégant et mélodique, saveur Guinness, gorgé de feeling, désignent Glyder comme l’héritier attendu du groupe de Phil Lynott trop tôt disparu, opinion confirmée par l'opus suivant, Playground For Life, moins en revanche par Yesterday, Today And Tomorrow, dont le succès moindre entraina le départ du chanteur et bassiste Tony Cullen et du batteur Davy Ryan, grevant ainsi quelque peu l’avenir de cette attachante formation.
Après quelques mois de doute, les membres restant décident néanmoins de poursuivre l’aventure, embauchent du personnel, dont Jackie Robinson pour tenir le micro, et gravent un quatrième album. Et alors qu’il était permis de nourrir une inquiétude bien naturelle quant à la qualité de celui-ci, Backroads To Byzantium rassure par sa fraicheur et une maturité enfin acquise. Mieux, sans renoncer à sa principale influence (ce que personne ne lui demande), à laquelle il convient de rajouter celle du héros local (et également décédé !), Rory Gallagher, le groupe n’a jamais fait montre d’autant de personnalité.
Le timbre plus FM de la nouvelle recrue n’est sans doute pas étranger à cela. Des compositions qui ne cachent pas une origine directement extraite de la roche des années 70 ("Long Gone" et ses claviers comme échappés d’une décennie qui n’en finit pas d’être pillée) non plus. Après des premiers pas remarqués, le danger pour Glyder était de ne pas sombrer dans une routine regrettable bien que parfois fréquente après quelques années d’activité et plusieurs efforts. Le piège a ainsi évité grâce à cette solide galette bourrée de charme, d’énergie et de simplicité.
Quel plaisir de pouvoir savourer un classic-rock à l’ancienne, propre et de bon goût, riche en mélodies et refrains chaleureux qu’émaillent de séduisants soli à deux manches, dans la grande tradition élaborée par... Thin Lizzy. Forcément ! Ecoutez un peu "Fade To Dust" ou la ligne mélodique traversant "Even If I Don't Know Where I'm Going" : impossible de ne pas songer à ce dernier. Exception faite de la mollassonne ballade (finale, qui plus est) "Motions Of Time", Backroads To Byzantium aligne les brulots comme d'autres les perles, auxquels seuls un manque de folie ainsi qu'une prise de son plus nerveuse empêchent d'atteindre le point G, une production qui colle toutefois parfaitement à une matière plus classieuse que puissante.
Gemmes Hard-Rock ("Don"t Take Their Mistake", "End Of The Line", "Chronicled Decieit"...), pulsations bluesy ("Long Gone") ou ensoleillées (le chaloupé "Something She Knows") colorent cette quatrième galette sans temps mort dont l'histoire nous dira si elle aura su enrayer la légère érosion de popularité d'une formation pourtant plus intéressante que jamais...