Le principal (et relatif) défaut de cette seconde offrande de Swallow The Sun, après le très justement remarqué The Morning Never Came qui a directement poussé ses auteurs dans la cour des grands, est, outre sa longueur un peu excessive (65 minutes et des brouettes), de débuter par un titre aussi gigantesque que "The Giant", superbe fresque épique de douze minutes, qui alterne avec brio passages calmes et mélancoliques magnifiés par une voix claire profonde et belle, et irruptions furieuses aussi lourdes qu’une enclume. Bref, ce morceau écrase tout sur son sillage et on se demande à l'approche de sa conclusion comment le groupe pourra maintenir un tel niveau... Ce qu'il ne fait pas vraiment.
Conséquence, les six autres chansons qui lui succèdent semblent presque fades en comparaison, quand bien même la recette demeure toujours à peu près la même : tempo ultra pesant, alternance chant clair / gorges caverneuses, durée oscillant entre 6 et 9 minutes, ambiance glaciale (à l’image de sa magnifique pochette) et dépressive mais qui ne sombre pas non plus dans les abîmes insondables creusés par le funeral-doom. Même ingrédients donc, mais la mayonnaise a un peu de mal à prendre à chaque fois.
Alors certes Ghosts Of Loss est un bon disque de doom-death à la scandinave (très accessible donc) et s’écoute agréablement ; certains autres titres tels que le diaphane "Fragile", l'hymne "Forgive Her...", découvert peu avant sous la forme d'un single complété d'une saisissante reprise du fameux "Solitude" de Candlemass chantée par Albert Witchfinder de Reverend Bizarre, ou le très beau "Gloom, Beauty And Despair" par exemple, méritent eux aussi amplement le détour, réussissant à capter ce feeling typiquement finlandais insaisissable et néanmoins unique.
En dépit d'une incontestable qualité, Ghosts Of Loss s’avère en définitive quelque peu décevant par rapport à son prédécesseur, du fait de son manque de diversité, le groupe se contentant au final de répéter une formule quasi identique d’un morceau à l’autre. L'opus sera néanmoins un succès, permettant à Swallow The Sun de gravir une marche supplémentaire qui débouchera sur la signature avec le puissant label finlandais Spinefarm, Firebox n'ayant alors plus les moyens d'assurer une promotion à la hauteur d'une renommée grandissante. Ceci étant, les Finlandais devront à l’avenir combattre cette uniformité afin de marquer davantage les esprits et d’honorer les espoirs que beaucoup ont placé en eux suite à The Morning Never Came. Inutile de dire que la troisième salve sera décisive. Ce sera Hope, œuvre toujours aussi maîtrisée bien que moins Doomy.