Fort d’un premier album de belle facture, l’anglais Paul Cusick revient à notre bon souvenir avec P’Dice, opus subventionné par plus de 500 personnes (dont votre serviteur qui a eu de fait l’honneur de voir son nom apparaître sur la dernière page des donateurs). L’homme a ainsi pris son temps pour peaufiner sa deuxième livraison.
Dix titres forment cet opus et, si la majorité des plages n’est pas enchaînée, il peut être considéré comme un concept album de part l’histoire relatée ici, celle d’un homme qui explore les divers moments de sa vie et leurs enchaînements, conscient ou pas. Cette fois encore Paul se charge de l’ensemble des instruments hormis la batterie qu’il a laissé à deux noms connus et reconnus : Marco Minnemann et Gavin Harrisson. Sammi Lee vient aussi pousser la chansonnette sur "Waiting" faisant s’envoler la composition en y apportant un peps certain !
Si le fantôme de Porcupine Tree hantait "Focal Point", il est encore bien présent dans la construction des compositions. En effet, la classique montée en puissance qui se termine par un déferlement de guitare qu’utilise fréquemment la troupe de Steven Wilson marque de son empreinte "God, Paper, Scissors", "Tears" ou "You Know". Mais Paul Cusick réussit tout de même à imposer sa différence, en l’occurrence sa voix, qui peut se révéler envoûtante et chaleureuse ("God, Paper, Scissors", "Feel This Way", "Hindsight") ou percutante et directe ("Everything", "You Know"). Sans être le meilleur vocaliste du circuit, Cusick assure et c’est l’essentiel.
Bien ancré dans un rock progressif moderne, l’anglais rejoint son collègue Robin Amstrong (Cosmograf) dans la tradition des longues compositions avec un "Borderlines" qui alterne moments émouvants (l’introduction avec cloche et guitare pleureuse à la Andy Latimer) et passages soutenus (notamment les refrains), le tout complété par deux soli de 6 cordes avant un final tout en douceur. Finalement le percutant titre d’ouverture, très rock, se trouve être un leurre s’écartant de peu de l’atmosphère générale de l’album sans toutefois être mis à l’écart.
Enfin, sans être technique les nombreuses interventions solistes des guitares électriques se font fort à propos et, judicieusement positionnées, elles ponctuent l’album de belle manière. Petit clin d’œil aussi à Peter Gabriel avec "When It Rains" et sa basse ronflante calquée sur "Mercy Street".
Avec "P’Dice", Paul Cusick ne rompt pas totalement avec le registre dans lequel il s’est aventuré deux ans plus tôt. Cet album se veut cependant plus personnel et moins accessible de premier abord, nécessitant ainsi plusieurs écoutes pour bien ressentir l’émotion qui s'en dégage. Encore un bel album de progressif moderne à se mettre sous la dent dans la lignée du dernier Cosmograf.