Publié en 2010, c'est avec un peu de retard que nous arrive Intrusion, le troisième album d'Hamadryad, groupe québécois accueillant pour l'occasion un nouveau batteur et surtout, un nouveau chanteur tout entier dévoué à la tâche. Cinq années depuis le déjà excellent Safe in Conformity pour accoucher de cette nouvelle offrande, le moins que l'on puisse dire est que nos cousins d'outre-atlantique ont pris le temps de peaufiner leur galette, et les premières notes de Funk-A-Trunk, vont immédiatement confirmer que le résultat s'avère à la hauteur des espérances suscitées par cette longue attente.
Dès l'entame, nous avons ainsi à faire à un progressif moderne, ne négligeant certes pas les sonorités anciennes de clavier, mais au son puissant formaté à la sauce américaine. Une basse ronflante à souhait soutenue par une batterie inspirée, des guitares incisives et un chanteur au-dessus de tout soupçon donnent d'entrée de jeu une connotation ultra-professionnelle à l'ensemble. Cette impression est renforcée par une complexité de bon aloi, suffisamment riche pour passionner tout amateur de progressif mais accessible néanmoins au plus grand nombre. Et la référence qui se dégage immédiatement nous envoie du côté de Spock's Beard, au meilleur de sa forme. La maîtrise technique des musiciens est époustouflante (écoutez notamment Torture Zone pour vous en convaincre), et une production sans faille nous offre un espace sonore tout bonnement impressionnant.
Mais réduire cet album à une simple référence au groupe nord-américain serait trompeur car la musique d'Hamadryad est protéiforme. Certes, elle se nourrit de multiples influences mais, loin de considérer que l'inspiration du quintette serait tout bonnement recopiée sur d'illustres ancêtres ou collègues, force est de constater que la suite de l'album nous renvoie ainsi vers quelques références telles Transatlantic, notamment sur Pray to my God plage la plus longue, mais aussi et surtout Genesis, fil conducteur de la discographie du groupe.
C'est ainsi que Sentenced , ou encore plus In my Country trouveraient sans problème leur place au sein de galettes aux noms prestigieux, issues de la période seventies du groupe. Sonorité de la guitare jouée en arpèges, intonation et placement de la voix, ou encore présence discrète mais efficace des claviers, ces deux perles sont un clin d'œil appuyé à une des légendes du progressif, et ce pour notre plus grand bonheur.
Après une grosse heure d'écoute, une seule envie tutoie l'auditeur, celle de presser à nouveau la touche "play" pour relire un album foisonnant et passionnant, et pour lequel une seule lecture ne saurait suffire pour en découvrir toutes les richesses.