En ce début de nouvelle décennie, c’est l’effervescence à l’Exile Parade team. 2009, la bouillonnante formation des rockers britanniques réalise un EP, "Brother Ballet". Puis en 2011, le single 'Hello Blue' est placé sur les rampes de téléchargement en ligne, en guise de prélude à la sortie du premier véritable album studio, "Hit The Zoo". Voilà qui est chose faite, ce mois de février. Les scènes rock de Grande-Bretagne et d'ailleurs ont déjà pu vibrer sous les décibels de ce quintet débordant d’énergie; "Hit The Zoo" est l’occasion de s’intéresser de plus près, et à tête reposée, au credo musical dudit quintet qui rencontre déjà un écho sur la toile assez conséquent.
A tête reposée ? Pour autant que l’écoute en soit possible ! L’album d’Exile Parade est à l’image de son iconographie : exubérant et incisif. On ne risque pas grand-chose à parier que moult adeptes de musique rock radicalisée y trouveront leur compte. Seulement, la méthode ne révèle rien de bien réjouissant pour ceux qui seront davantage demandeurs de nuances harmoniques et mélodiques : les morceaux sont presque tous construits de la même manière, et même si le projet ne s’attarde pas outre mesure, on peut rapidement avoir le sentiment d’en avoir fait le tour, une fois passées les 3 ou 4 premières plages.
L’essentiel de "Hit The Zoo" est bâti autour d’une rythmique prépondérante, d’une basse gutturale mixée un chouia en retrait, d’un vocal cantonné aux médiums aigus, légèrement éraillé, et de motifs instrumentaux ou chantés qui se succèdent ou s’entremêlent de manière ultra répétitive. Les guitares électriques, quant à elles, viennent renforcer la rythmique de la batterie, beaucoup plus qu’elles ne s’aventurent à tisser de considérations solistes.
Pourtant, nos Britanniques ne boudent pas la fantaisie : ici et là, des sonorités vocodorisées; sur 'Mach Schau', une nappe de guitares plus scintillante que métallisée. Un refrain chanté sur une tonalité soudainement doucereuse pour 'Moviemaker', une basse exceptionnellement généreuse, rebondissant tel un ballon, pour accompagner 'Get Your Gun Boy', ou encore, un mélancolique (mais tenace) violoncelle pour épauler la ballade d’ 'Astronaut', et même un orgue saturé et autres transmutations de textures Moog pour habiller l’improbable clôture Space-Rock, 'Shadows'.
Mais tout cela relève bel et bien de la dimension des enjolivures, à l’évidence le groupe n’entend pas styliser sa musique sur une démarche qui la ferait déborder de son carcan originel. Et vous pourrez vous en faire une idée très précise en écoutant 'Moviemaker', 'Hello Blue' ou 'The Longest Day' : si vous aimez ces titres, vous aimerez la logique de "Hit The Zoo". Sinon, c’est mal parti !… Auquel cas il vous resterait quand même le mid-tempo du prégnant 'If I’m Not Famous', le seul moment où de concert, l’instrumentation et les vocalises cessent de psalmodier pour adopter une méthode beaucoup plus narrative, sur des circonvolutions et des modulations particulièrement prisées d’un certain David Bowie (et d’ailleurs, tiens, les vocalises tendent aussi à l’évoquer).
Pour les adorateurs exclusifs de l’éminent David, ce sera bien trop peu de toute façon. Pour les autres, tentez l’expérience, la chronique n’engageant que son rédacteur.