Les Hollandais de Mangrove ont succombé à la tentation de l’exercice acoustique à l’image de nombreux groupes tel Marillion pour citer le plus connu dans le genre. Annoncé comme le 2ème volet d’un tryptique visuel (le DVD "Live Beyond Reality" étant sorti six mois plus tôt), le groupe a mis les petits plats dans les grands tout en évoluant dans un cadre épuré, jouant sur le contraste blanc/noir.
Pour cette prestation c’est Aldert Glas qui officie derrière les fûts et autres percussions afin d’accompagner les trois membres historiques du combo. Les titres sont tirés des deux précédents albums mais Mangrove a aussi osé (il fallait le faire) reprendre "Here Comes The Flood" (Peter Gabriel) d’une manière très personnelle et émotionnellement forte même si la voix éraillée du maître manque évidemment cependant que le duo piano/voix mis en place fait mouche.
La pratique du tout acoustique a ses effets négatifs comme le risque de lasser mais il a aussi la pertinence de mettre en évidence la classe des musiciens. En effet, comment ne pas succomber au charme de "Beyond Reality", "Wizards Of Tunes" ou encore "I Close The Book" ! Là où l’électricité donne un coup de fouet aux compositions, son absence engrange un surplus d’émotion transcendé ici par des intervenants parfaitement au fait de leur œuvre.
Le petit bémol pourrait venir de la prestation vocale qui, par contre, met en lumière les limites de Roland Van der Horst même si ce dernier fait le nécessaire pour ne pas trop en faire limitant la casse. Aldert Glas, quant à lui, fait étalage de sa maîtrise, notamment lors de ses interventions aux percussions. "I Fear The Day" prend ainsi des airs seventies avec l’utilisation de sons vintage aux claviers associés à une guitare plaintive.
Ce DVD est donc à recommander - et ce malgré l'absence surprenante de bonus - aux habitués du groupe qui pourront alors découvrir celui-ci sous un autre angle avec des compositions revisitées de fort belle manière. Si l’idée initiale est préservée, l'exercice apporte aux compositions un supplément d’émotion bien agréable. Mangrove nous offre donc deux heures de (très) bonne musique même si, sur la longueur, l'attention pourra s'essouffler.