Bien qu'à l'origine de quelques cartouches explosives(Fuck You, Taking Over...), Overkill n'est jamais parvenu à accéder à la première division, et ce en dépit de ses efforts de bon petit soldat de l'ombre jamais remis en question et un sens de l'abnégation qui fait chaud au cœur et mérite notre éternel respect. Pourtant, le groupe a toujours su se démarquer des ténors de la scène thrash-metal, peut-être grâce à son origine new-yorkaise, sa musique étant plus crue que celle en provenance de la Bay Area. Peut-être aussi du fait de la voix nasillarde de Bobby "Blitz" Ellsworth.
Cependant, malgré la production de Terry Date et une poignée de titres plutôt bien foutus, Horrorscope marque le début du déclin pour le gang de la Grosse Pomme. Il est vrai que ce disque ne peut prétendre rivaliser avec des bombes telles que le Rust In Peace de Megadeth ou le Black Album de Metallica, sorti la même année. Mais nos petits gars connaissent par cœur les tables de la loi du thrash et délivrent donc un travail pour le moins honnête mais qui ne leur permettra jamais de casser la baraque.
De toute façon, est-ce là ce qu'on demande à d'une tuerie de ce genre ? Non, ce qu'on lui demande, c'est de nous exploser les cages à miel à coups de plans bien speeds, de riffs saignants et de rythmiques de Panzer en pleine invasion allemande. Inégal, Horrorscope a néanmoins dans sa besace quelques brûlots à même de remplir cette mission : le malsain "Coma", le véloce "Thanx For Nothing", "Bare Bones" et son piano macabre, la furieuse reprise du "Frankenstein" d'Edgar Winter, qu'Overkill s'est admirablement appropriée, ou bien encore "Nice Day... For A Funeral" et son passage instrumental pesant et lancinant qui cède la place ensuite à un déluge de grattes.
Le style du groupe reste immuable et les fans y retrouveront sans peine leurs petits. A contrario, ce n'est pas chez lui qu'il faut chercher une volonté d'émancipation et d'évolution, quand bien même l'album précédent (le très bon The Years Of Decay), ainsi que la pseudo power-ballade "Soulitude", très réussi de surcroît, infirment cette remarque. Sans doute est-ce là ce qui lui a manqué pour s'imposer.
En outre, le contexte de l'époque peut aussi l'expliquer. La première moitié des années 90 sera en effet le théâtre d'une double révolution : celle du grunge avec l'explosion des Nirvana, Pearl Jam et autre Soundgarden, et celle d'une nouvelle génération de thrasheurs, incarnée par Panthera et Machine Head. Les défenseurs du genre qui n'ont pas la chance de faire partie du Big Four, dont Overkill fait assurément partie, seront alors balayés tel un fétu de paille par cette relève. Mais vingt ans plus tard, les New-Yorkais, eux, sont toujours là, plus efficaces que jamais...