Zen ... telle est l’impression immédiate qui se dégage du dernier opus de 17 Pygmies, dernier volet de la trilogie entamée en 2008. Preuve que le groupe continue sur la même lancée, les titres sont sobrement intitulés “Celestina”, suivi d’un simple numéro poursuivant la série. Si le groupe s’est déjà illustré par des productions n’évoquant pas le plus grand dynamisme, le sous-titre du présent album, “Celestina III”, va raviver les craintes des auditeurs en recherche de musique musclée : “Even Celestina Get The Blues” ne laisse pas envisager une musique festive, et le complément du sous-titre “Un conte d’amour et de physique quantique” achèvera de plonger l’auditeur dans la méfiance.
Et pourtant, le produit est soigneusement emballé, et le résultat, conforme au cahier des charges : 17 Pygmies continue de nous servir une musique atmosphérique, pas vraiment progressive puisque basée sur des structures simples, mais distillant une atmosphère de relaxation assez aboutie. Pour ce faire, il utilise une recette, quasiment toujours la même (et c’est là la limitation principale de l’album) : prenons donc des rythmes lents (le métronome restera sagement cantonné à l’adagio voire au largo, sauf sur le relativement agité n°29), de préférence sur un tempo de valse (dix titres sur douze sont sur un 3/4), utilisons des sonorités aériennes pour les claviers (beaucoup de sons rappelant le Celesta, quelques sonorités rappelant le Vangelis des années 80 : n°28), parsemons de suspensions silencieuses ou électroniques pour faire plus mystérieux, et confions les vocaux à une douce voix féminine (Meg Maryatt, très bien dans son registre). Si bien qu’au bout de deux titres, tout effet de surprise disparaît complètement, à peine troublé par l’adjonction de cordes (n° 30 et 31) ou d’un duo masculin-féminin (n°30).
Dans cette construction savamment mise en place, les moyens instrumentaux sont souvent minimalistes (normal pour des Pygmées, me direz-vous !), ce qui colle parfaitement à l’ambiance zen. Ici, rien de dépasse, vous n’entendrez pas une prise de souffle ou un grattement de corde de guitare, la batterie restera farouchement discrète et les paroles évoqueront des concepts éthérés comme l’âme, le rêve, la paix ou les constellations. Ce soigneux ordonnancement évoque un jardin japonais très aseptisé, dont rien ne viendrait perturber la tranquillité.
Tout cela est bien joli mais ne pousse pas vers l’enthousiasme le plus délirant : certains titres, à l’image du n°33, tutoient même les abysses de la vacuité, sous un emballage plutôt délicat. Si “Celestina III” ne risque pas d’effaroucher les oreilles sensibles, il pourrait faire sombrer rapidement dans la somnolence sur la durée. A réserver en fond de relaxation après une journée stressante !