Cette année Epica fête ses dix ans ! Il fallait bien là, et après trois années d'absence sur les platines, que le groupe offre à ses fans un album digne de sa première décennie, tout en affirmant sa présence et sa place désormais acquise dans le milieu. Et bien "Requiem For The Indifferent" (sus au suspens), sans pour autant révolutionner le genre, possède aisément de quoi satisfaire bien des fans.
Le groupe, pas mal balloté ces dernières années, tient son cap et par-delà les effets de mode, explore toujours avec la même passion les contrées gothiques et symphoniques. Révélant un côté plus grave, mystérieux également, Epica propose ici des titres très fouillés, travaillés, pensés. Chœurs féminins et masculins, breaks à foisons, place déterminante laissée à Simone, soli inspirés, harmonies multiples et structures à tiroirs, tout converge vers les mêmes points : émotion et efficacité. Cités à tout hasard, 'Deep Water Horizons' ou 'Avalanche' regroupent tous ces éléments et sont des pièces qui méritent attention et respect. Après une intro assez tragique et une fois de plus riche en arrangements et chœurs mortifères, 'Monopoly On Truth', titre très fort alternant Metal puissant et moments de grâce totale, et 'Storm The Sorrow' lancent le festival avec une énergie contagieuse. Et nous sentons ici que le groupe a gagné en assurance, proposant des titres plus matures à l'image des épiques 'Requiem For The Indifferent' et du sublime final 'Serenade Of Self-Destruction' (sans doute le titre le plus abouti d'Epica à ce jour). Ils sont de véritables cartes de visites pour ce groupe si bien nommé. Toujours dans ce registre énergique, le facile d'accès 'Stay The Course' ou le pressant 'Deter The Tyrant' font mouche également.
Simone Simons quant à elle, prouve à quelle point elle a su trouver une place de choix dans le groupe, volant la vedette à un Mark Jansen enfin plus discret (il faut avouer que son chant Death reste très limité, dans la technique comme dans l'émotion transmise, et que ses interventions tombent parfois à côté). Assumant son chant comme jamais et osant des mélodies aux inflexions nouvelles, comme sur le riche 'Internal Warfare' ou l'oriental éponyme. Et si la corde des inflexions orientales a été plus qu'usée ces dernières années dans le milieu du Metal, Epica, avec une certaine légèreté et une fraicheur certaine, parvient à redonné un souffle nouveau à l'exercice. Dans un style hors série, le court instrumental 'Anima', la très romantique 'Deep Water Horizon' et ses incursions de guitare classique, ou encore 'Delirium', débutant de façon des plus délicates (a capella suivi d'une douce mélodie vocale portée par un piano), dévoilent le penchant le plus mélodique du groupe et pourra sembler parfois creux pour les plus intransigeants. Mais cela n'enlève rien à la qualité intrinsèque des ces œuvres elles aussi finement ciselées.
Envolées symphoniques, Metal dynamique, rythmiques lourdes, riches ambiances, voix angélique et instrumentations ciselées, tout cela se retrouve autour du même qualificatif "qualité" dans un album encore plus abouti que son prédécesseur. Qu'on aime le groupe, le style, ou non, personne ne pourra dénigrer le talent et la passion insufflés dans ce très bon 'Requiem For The Indifferent'.