Il aura fallu attendre quatre ans pour que Lana Lane donne une suite à "Red Planet Boulevard", un album qui, il faut être honnête, n'avait pas laissé un souvenir impérissable à la rédaction de Music Waves. Un long repos sabbatique souhaité par la chanteuse pour ne pas tomber dans la routine du traditionnel album à tout prix. Quatre ans passés à se ressourcer et peaufiner des mélodies ciselées à enchâsser dans un album de qualité.
L'intention est certes louable, mais malheureusement, la réalisation n'est pas à la hauteur des ambitions de l'artiste, et il est même difficile de comprendre pourquoi tout ce temps lui aura été nécessaire pour réaliser ce disque quelconque dont rien ne retient l'attention. Car du titre d'entame à la note finale, les mélodies gentillettes se succèdent sans qu'aucune ne suscite chez l'auditeur le moindre enthousiasme, ni même le moindre sentiment. L'ensemble est d'une grande platitude et les fées de l'inspiration devaient elles aussi avoir pris un congé sabbatique lorsque Lana Lane et son mari, Erik Norlander, ont écrit cet album.
Celui-ci est majoritairement constitué de titres Hard-Rock mollassons semblant sortis tout droit des années 80. La longue pièce d'introduction, 'A Dream Full Of Fire' est assez représentative de la suite : des guitares lourdes et grasses et un chant en force qui n'arrive pas à décoller sur une mélodie conventionnelle et peu entrainante. Les pieds restent cloués au sol et les mains enfouies au fond des poches. Si l'intro de 'Maybe We'll Meet Again' est digne de celle des tubes d'Asia, cette bonne impression est de courte durée et l'ennui revient au galop. 'Darkness Falls', 'Life Of The Party' et 'Moon God' suivent le même chemin sur lequel plane l'ombre de Deep Purple, mais d'un Deep Purple bien fatigué. 'Moon God' s'offre même le luxe de reprendre le vieux truc des voix vodocorisées déjà utilisé sur le très dance 'Believe'. On jurerait entendre un ancien disque de Cher ! Et même si 'Exile' affiche 11'43" au compteur, l'espoir que le disque se termine en apothéose sur un titre plus progressif est vite déçu. Il s'agit là encore d'un Hard-Rock très balisé qui aurait pu être réussi s'il ne manquait de vigueur et d'ambition. Il y a bien ici et là de sympathiques envolées de guitares qui suscitent un regain d'intérêt, mais ce ne sont que de trop brefs feux de paille.
Et surtout, le chant ne suit pas. Lana Lane n'est guère convaincante lorsqu'elle s'essaye à forcer sa voix dans de vains efforts pour lui donner épaisseur et raucité. Ses tentatives manquent par trop de dynamisme et d'empathie quand elles ne sombrent pas tout simplement dans l'apathie. Finalement, si l'on excepte 'Gone Are The Days' sur lequel les plus indulgents pourront se laisser aller à tapoter doucement du pied, ce sont les deux ballades qui s'en tirent le mieux. 'El Dorado' donne dans le rock FM doux avec un très bel interlude à la guitare classique. La voix de Lana Lane est un peu apprêtée mais ses passages dans les aigus se font sans effort apparent. Même constat pour 'Hotels', slow légèrement sirupeux bien proche de la variété mais où le chant s'épanouit enfin dans une relative fragilité.
La récolte est malgré tout bien maigre. Sans être désastreux, cet album très conventionnel appartient à la catégorie des disques dont la fadeur provoque un ennui poli avant de sombrer rapidement dans l'oubli.