16ème album de Motörhead, "Hammered" arrive, suivant un planning parfaitement huilé, deux ans après "We Are Motörhead". Ce dernier album avait vu la bande à Lemmy baisser un peu sa garde et proposer un disque assez moyen, sans trop d'inspiration et un peu bâclé. Cela n'avait pas empêché le groupe de partir en tournée fêter ses 25 ans et proposer un excellent DVD souvenir, "25 & Alive Boneshaker" sur lequel le groupe avait pas mal d'invités avec lesquels il célébrait cet anniversaire en beauté.
C'est ainsi que l'on se prend à croire que tout cela a redynamisé le trio qui doit nous faire oublier le bien triste disque précédent. Et de fait, "Hammered" remet les pendules à l'heure et nous soulage. Motörhead n'est pas encore poussé vers la retraite et nous offre un véritable sursaut d'orgueil. Le son retrouve les standards classiques avec ce subtil mélange entre hard-rock et heavy. De plus, l'inspiration est clairement de retour. Certes, le moule de composition est classique et sans fioritures, mais retrouver un groupe qui propose de bons titres, solides et efficaces, est déjà une bonne nouvelle en soi. Motörhead refait du bon Motörhead et c'est pour le moment tout ce qu'on lui demande.
Sans compter de véritables tubes, cet album est rempli de fort bons titres qui s'enchainent, s'écoutent avec plaisir, et font complètement oublier toute pensé de déclin et de crainte de succession de mauvais disques. "Walk A Crooked Mile", "Brave New World", "No Remorse", "Kill The World" ou "Down The Line", "Red Raw" et "Voices From The War ", sont des chansons de hard-rock qui font leur effet avec des refrains particulièrement soignés et des mélodies retrouvées. Lemmy regagne un chant rocailleux efficace, Mikkey Dee tabasse ses futs avec conviction, tandis que Phil Campbell retrouve une belle inspiration pour ses soli et ses riffs. En bref, la machine ronronne à nouveau de belle manière, se moquant du temps qui passe. Avec "Red Raw", le groupe signe même une redoutable tuerie, ultra rapide, sorte de "Overkill" des temps modernes. On notera enfin un "Mine All Mine", rock'n'roll en diable, très dansant et seul incursion en dehors du style Motörhead classique.
Il est vrai que "Hammered" ne retrouve pas entièrement le niveau des grands disques des années 90, mais il permet à Motörhead de se relancer artistiquement. Avec une telle base de travail, le groupe semble cette fois complètement entré dans les années 2000 et on ne doute plus qu'il en a encore pas mal sous le coude pour notre plus grand plaisir. La machine est repartie de plus belle et ne semble vraiment pas décider à se rendre.