Si le groupe prend officiellement naissance à la fin de l'année 2008, le guitariste Kyle Mullikin, le bassiste Nathan Alan Gilbert et le batteur Garry "Chronos" Garrett jouent ensemble depuis déjà sept ans. Ils attendront 2010 pour produire la somme de leurs premiers efforts sur l'album "Whisper Campaign".
Si l'on en croit leur site officiel, les américains d'American Hollow aspirent à délivrer une musique mêlant influences progressives, métal et rock classique. Pourtant le titre d'introduction, 'Terronoia', ressemble plus à un post rock martial mâtiné de roulements de tambours, tendance que l'on retrouve également sur le dernier titre 'Terranoyed', la batterie plus discrète laissant les guitares étirer leurs notes lugubres dans une mélodie cyclique.
Il ne faut pourtant pas se fier à ces titres. Entre les deux, les compositions sont beaucoup plus vigoureuses et s'appuient le plus souvent sur des guitares saturées, une batterie très présente et un chant qui passe en force. Les claviers sont les parents pauvres et ne se font entendre qu'en de rares occasions, lors de courtes respirations ou de passages plus expérimentaux. Les mélodies sont fréquemment cycliques, la musique évoluant par palier, souvent ponctuée de riffs rageurs et parcourue de rythmes trépidants, mais ménageant à l'auditeur quelques moments de répit, pour mieux repartir. La tonalité d'ensemble est plutôt mélancolique, voire inquiétante, mais malgré l'évolution des mélodies, une trop grande répétitivité finit par engendrer une lassitude certaine. Par ailleurs, aussi belles soient les ambiances, elles restent superficielles et ne génèrent pas de véritables sensations.
Pourtant il est évident que American Hollow cherche à se démarquer en faisant preuve d'originalité. L'enchainement des trois premiers titres en est un bon exemple : après le post rock de 'Terronoia', 'State Of Decay' est un rock moderne pêchu au format ABABCAB on ne peut plus classique, suivi d'un 'Operator' peu convaincant constitué pour les deux premiers tiers par des onomatopées et des guitares fantaisistes avant que le titre ne s'achève de manière plus conventionnelle. D'autres titres, comme 'Illumineye' ou 'Prizards', s'affranchissent d'une structure bien définie. La musique se déploie entre passages calmes et plus survoltés, la guitare ressemblant à un serpent qui se terre pour mieux se détendre et happer sa proie. On passe de l'expérimental d'une guitare en sourdine qui joue des notes au hasard sur fond de chœurs improbables à du métal de base avec guitares saturées, roulements de batterie à gogo et chant braillard. Le paroxysme du genre étant atteint avec 'Blow Wind ! Bring Forth Storm'.
Certes, le groupe ne se contente pas d'envoyer du lourd ou de la guimauve et développe de bonnes idées. Malgré tout, le disque ne décolle pas par manque de personnalité et de charisme. Certains effets, comme le recours fréquent aux onomatopées, tombent à plat et paraissent bien artificiels. Enfin, en dépit d'une tonalité d'ensemble plutôt mélancolique, aucune émotion n'étreint véritablement l'auditeur. Dommage, car celle-ci n'est pourtant pas très loin sur les passages les mieux réussis.