Deux ans après "Blind Faith", Tom Galley reprend les rênes du concept Phenomena. Avec l'aide de son compère guitariste Tom Kronlund, il remet le couvert en produisant ce sixième album où il réunit une fois de plus quelques pointures du Hard-Rock Mélodique. La photo de classe est encore ici redoutable puisque s'invite à la fiesta des pointures vocales telles que Lee Small de Shy, Toby Hitchock de Pride Of Lions, Terry Brock de Stangeways, Ralf Sheepers de Primal Fear, Mike DiMeo de Masterplan et James Christian de House Of Lords, mais aussi des as de la six-cordes comme Magnus Karlsson (Allen/Lande) et Tommy Denander (qu'on ne présente plus). "Awakening" va-t-il poursuivre de manière convaincante la célèbre quinqualogie en vogue depuis 28 ans ou l'usure du temps a-t-elle eu des répercussions sur la magnificence de l'édifice ?
Phenomena trace classiquement sa route entre Hard-Rock Mélodique et Heavy Mélodique. Ici, point de dérive, les dix titres de l'opus passent allègrement d'un style à l'autre au gré, en grande partie, des registres vocaux des frontmen à la tâche et des inspirations des gratteux à la baguette, ou au médiator plus précisément. Ainsi, nous retiendrons plus particulièrement, dans le registre FM, le hit de l'opus placé au démarrage de l'offrande, "Smach It Up", où Lee Small scande un refrain digne de l'Arena Rock au rythme des coups de boutoir de Matt Sinner et du petit génie Magnus Karlsson, mais aussi "Reality" plus kitch du fait du son de la batterie et des nappes de synthé, mais tout aussi mélodieux (merci Toby Hitchock) et porteur d'un solo de Mike Slamer (Steelhouse Lane) proprement jouissif, sans oublier "Homeland" qui veut nous faire croire à une ballade et qui s'envole sur un refrain bondissant où Rob Moratti (l'ex-vocaliste de Saga) nous montre tout son talent. Question AOR, rendez-vous directement à la dernière case en évitant celle de la prison car il serait regrettable que vous passiez à côté des chœurs Gospel de la ballade "Stand Up For Love".
Dans la veine plus pêchue on s'attardera de manière plus marquée sur l'original "Gotta Move" interprété par Sheepers, qui pourrait être étiqueté Heavy Dancefloor (si si !) et un chouya désarçonner l'auditoire malgré le solo furieux de Denander, et sur le mélodieux "Fighter" où Terry Brock envoie les décibels sur des murs de guitares.
A contrario, au rayon des bémols, James Christian aurait mérité mieux que le moins intéressant "Going Away" qui ne décolle pas vraiment et redonde quelque peu malgré la présence de Denander. "How Long" se la joue quant à lui un peu trop lancinant et répétitif et a du mal à tenir éveillé, alors que le Heavy "Shake" n'apporte que peu d'eau au moulin et ne retient guère l'attention.
Quoiqu'il en soit, ce qu'il y a de surprenant avec ce concept, c'est que, malgré le nombre hallucinant de musiciens qui y ont collaboré, les titres portent très souvent une empreinte particulière et personnelle qui pourrait laisser à penser que chaque album a été concocté par le même combo. Cette caractéristique est plus que rare, voire même unique. Une autre constante est la qualité du produit car une fois de plus, malgré de légères baisses de régime, nous voici en présence d'un opus tout à fait recommandable.