Frozen Rain nous vient de Belgique, ce qui n'est pas commun pour un groupe d'AOR, et propose avec cet "Ahead Of Time" un petit frère à son album éponyme sorti en 2008. Ce dernier était teinté Westcoast et avait fait se lever quelques sourcils. Depuis lors, Carsten "Lizard" Schulz, le vocaliste d'Evidence One et de Paradise Inc., est entré dans la danse. L'histoire ne nous dit pas si cette arrivée est la cause du petit virage emprunté ici par le combo mais, quoiqu'il en soit, l'AOR a viré Hard FM et ce n'est pas pour nous déplaire. En effet, les jolies mélodies ça caresse les pavillons auriculaires, mais quand, en plus, ça déménage un tantinet, il peut s'avérer que ça ne soit pas plus mal.
Frozen Rain a donc musclé le ton en dirigeant cet opus, avec évidence, vers les claviers et les guitares. En ce qui concerne ces premiers, notons que celui qui les caresse se nomme Vitrier, ce qui peut faire sourire. En ce qui concerne les dernières, c'est loin d'être une mauvaise idée tant Rik Priem, le gratteux de service, est impressionnant d'un bout à l'autre de l'œuvre. En effet, non seulement il cadence fermement les titres grâce à sa science du riff, mais au-delà de cette qualité, il assène des soli flamboyant de mélodicité dès qu'il sort le touché magique qui semblait bien moins marquant sur le premier opus. Comme quoi, même le talent se travaille. Depuis le dernier Dreamtide ("Dream And Deliver"), nous n’avions rien entendu d'aussi bien travaillé question guitares dans ce genre musical. Quant à lui, Schulz, derrière le micro, a trouvé sa place au sein de la formation. Sa voix puissante et rocailleuse s'accorde idéalement avec le style proposé.
Naviguant sur les mêmes étendues stylistiques que Treat ou Fate, Frozen Rain a du talent à revendre en terme de recherche mélodique. Tous les titres sont réussis en la matière. Quand on sait comment la réussite est courtisée dans ce domaine, on peut assurément en conclure que les Belges sont de sacrés séducteurs. Votre préférence ira à n'en pas douter à l'exceptionnel "The Last Dance Ain't Over", le morceau à la fois le plus rentre-dedans et le plus mélodieux de l'album, doté d'un refrain énorme et d'un solo hallucinant, mais, croyez en votre serviteur, l'arbre ne cachera pas la forêt tant celle-ci est luxuriante. Les "Forever" (et ses guitares virevoltantes), "Too Late" (la seule ballade de l'opus), "Ahead Of Time" (Journey sort de ces corps !) et autres "Voodoo Party" (enfin un instrumental FM qui assure !) vous apporteront eux aussi quelques plaisirs absolument pas coupables.
Une bonne surprise donc que ce second album des Belges de la pluie gelée. Vous pouvez déposer sans crainte les mitaines quelques instants, malgré les récentes températures polaires qui se sont invitées sur l'hexagone, afin de sortir quelques pièces de votre bourse et vous procurer ce petit bonheur musical. Vous ne serez pas déçus de l'objet.