Voilà Rage qui nous sort un album intitulé "21" et qui selon leurs propres calculs, incluant au moins le premier album sorti sous le nom de "Avenger", est leur 21ème album studio. Le groupe est centré sur Peavy Wagner, seul membre fondateur rescapé et qui anime Rage avec passion depuis trente ans.
Dans cette très longue carrière, après quelques essais plutôt réussis avec orchestre symphonique dont le remarquable "XIII", Rage était revenu à une formule plus basique. Il avait notamment proposé en 2010 l’album "Strings To The Web", bon album au demeurant, mais qui s'était vu doté d'accents très mélodieux et plus complexes (la suite "Empty Hollow") peu en phase avec leur patronyme.
Rage revient cette année avec un album bien trempé, plus lourd, et plus sombre que les précédents. Le premier tire "Twenty One" donne rapidement le ton. C’est rapide, la rythmique est époustouflante et la voix de Peavy se fait beaucoup plus ... rageuse ! Bonne nouvelle, le groupe n’en oublie pas la mélodie, et celle ci est imparable. Il n’oublie pas non plus de glisser un bon solo aux deux tiers du morceau ; classique mais réussi. "Forever Dead" durcit encore le ton et la voix presque "growl" est à la limite de l’exagération, mais ça passe ! Là encore le refrain mélodieux sur un fond sonore d’apocalypse fait mouche.
"Feel My Pain" fait semblant de calmer le tempo pour finalement enfoncer le clou sur lequel s’acharneront encore les titres suivants. L’ambiance n’est pas à la rigolade, Rage à envie d’en découdre et il ne fait pas bon se trouver sur son chemin, comme en témoignent les différents mots explicites incorporés dans les titres ; dead, pain, serial killer, psycho terror, death, black, eternally, ... Pas besoin d'en rajouter!
Il faut finalement attendre la dernière plage "Eternally" pour voir Rage baisser un peu la garde et le rythme et nous offrir en conclusion de ce bel album une ballade au parfum d’Alice Cooper, même s’ils ne peuvent s’empêcher de hausser le ton par moments.
Dans ce torrent d'énergie, l'uniformité d’ambiance n’est qu’apparente à première écoute, chaque titre vivant, au fil des écoutes, sa propre vie, ou notre propre mort, c’est selon. Les bons moments côtoient les excellents, comme ce "Psycho Terror" dont le rythme par moments haché menu fait entrevoir les intentions amicales du groupe. Un petit essoufflement d’inspiration, sans doute lié à l’accumulation pour l’auditeur des pains dans la tronche, se fait sentir en fin de parcours avant de rebondir sur "Eternally", mais pris individuellement ces titres sont plutôt bien torchés.
Un album de très bon niveau qu’il sera intéressant de voir défendu sur scène, là ou le groupe nous avait parfois gavé avec le Lingus Mortis Orchestra. Rage réussit le pari de revenir à une énergie plus brute pour ne pas dire brutale, et plus sombre, sans négliger l’impact mélodique et technique des compositions. Et il nous ouvre pour fêter cette 21ème galette un très bon cru !