"The Divine Wings Of Tragedy" est le troisième album de Symphony X. Le précédent, "The Damnation Game", n'avait connu qu'un succès d'estime auprès des connaisseurs, à une époque où le métal progressif n'en était qu'à ses balbutiements. "The Divine Wings Of Tragedy" est donc l'occasion pour le combo de montrer à tous qu'ils visent plus haut, et qu'ils en ont le talent.
Dès le premier morceau, "Of Sins And Shadows", la musique de Symphony X semble surgir avec naturel. Tout est en place. Michael Romeo porte le morceau à bout de doigts, de riffs puissants à des soli toujours aussi incroyables. Au chant, Russel Allen développe une chaleur qu'on ne lui connaissait pas et qui est l'un des points marquants de l'album.
Le titre suivant, "Sea Of Lies", démarre sur une ligne de basse virevoltante, avant que les autres musiciens ne se joignent à elle et que la voix fabuleuse de Russel s'envole pour atteindre une puissance rare ; à noter également que ce dernier s'affirme sur ce disque comme un parolier inspiré, ce qui lui permet de chanter avec ferveur ses propres textes. Encore une fois, Romeo est au cœur des débats, alternant riffs frénétiques et sonorités acoustiques avec une aisance déconcertante, sans parler de son solo, qui est encore aujourd'hui un modèle du genre.
Avec ses 9'50, "The Accolade" est le premier titre épique de l'album, et apporter enfin un peu de calme dans ce déferlement de notes. Démarrant sur une ambiance acoustique et mélodique, le ton se durcit avec un riff à la Dimebag, Le travail rythmique de Romeo et Miller est exceptionnel et un break absolument incroyable, tout en légèreté, permet à Russel de montrer toute l'étendue de ses capacités. La reprise se fait par le biais de sonorités cristallines, et par une ligne de basse douce et chaleureuse de Miller suivi d'un final, dynamique qui parvient à conclure avec grandiloquence .
Même si tous les titres mériteraient que l'on s'y attarde, on citera pour finir "The Eyes of Medusa", composition qui résume le mieux Symphony X avec ses riffs absolument géniaux, un chant possédé et des arrangements parfaits... Puissant, terrifiant, sombre et virtuose, le morceau est une démonstration et un hit en puissance dans le genre. Et enfin le titre éponyme, monstre épique de 20 minutes qui permet à Romeo d'accomplir ses fantasmes classiques. Doté d'arrangements tout à fait incroyables, sans pour autant mettre de côté les aspects plus musclés de la musique de Symphony X, il oscille entre les diverses facettes du groupe.
Plus de dix ans après sa sortie, "The Divine Wings Of Tragedy" demeure un monument du métal progressif. Vibrante, inspirée, la musique de Symphony X est à son apogée, et aucun de leurs albums suivants (pourtant tous très réussis) ne retrouvera cet équilibre parfait entre mélodie, technique et puissance. Un chef-d'œuvre.