18ème album studio, plus de 30 ans de carrière et 6ème disque de suite avec le même line-up ! En cette année 2006, Motörhead n'accuse nullement le poids des ans, alors que Lemmy a passé tranquillement les 60 ans fin 2005, et même si il accuse parfois un peu le coup en concert, rien ne semble pouvoir arrêter la machine britannique. "Inferno" avait montré un groupe remonté, très métallique et en pleine forme, et logiquement on attend beaucoup de ce "Kiss Of Death", même si on sait Motörhead capable de petits faux pas de temps à autre.
Mais encore une nouvelle fois, il n'y aura pas de faux pas, même si cet album s'avère être très différent de son prédécesseur. Le ton est plus sombre, un plus posé et très travaillé, moins foncièrement rageur et fonceur, nous renvoyant un peu à "Overnight Sensation". L'ensemble est donc de qualité sans atteindre cependant la haute valeur de son glorieux ainé, la faute à quelques redondances et lourdeurs en fin de disque.
En fait, la première partie de l'album est imparable et parfaite, à la fois hard, rock'n'roll et furieusement entrainante, parfois même un peu punk dans l'âme. Ainsi, de "Sucker" à "One Night Stand", en passant par "Devil I Know" et "Trigger", Motörhead fait preuve d'une pêche formidable et presque déroutante pour un groupe avec autant d'albums à son actif. Il réalise même un des tout meilleurs débuts de disque de sa carrière. Mais à partir de "Under The Gun", le ton devient plus lourd et un peu répétitif. Cette dernière reste efficace avec un aspect écrasant et martial très efficace et de très bon soli tout en feeling de Phil Campbell, mais le groupe multiplie ce genre de titres dans la deuxième partie et c'est parfois difficile à avaler. Ainsi, "Living In The Past", "Be My Baby" et "Kingdom Of The Worm" sont lourdes et renvoient un peu à l'ère "Sacrifice" avec toutefois un son de bien meilleure qualité.
Heureusement, des titres sauvent complètement l'album et le magnifient même. Ainsi la poignante ballade "God Was Never On Your Side" prend aux tripes tellement elle est réussie. Dans un registre sombre et même crépusculaire, Lemmy fait en quelque sorte un bilan et se révèle très touchant, signant sans doute sa plus belle chanson dans le genre. Avec "Christine", le rock'n'roll pur et dur reprend ses droits et c'est jouissif, entrainant, et nous renvoi dans les années 50 avec classe. De même, "Sword Of Glory" est un bon titre de Hard-Rock typique du groupe qui pourrait passer inaperçu mais qui fait bien son effet pour peu que l'on s'y attarde.
Avec "Kiss Of Death", Lemmy et ses hommes signent un très bon album de plus, certes peut être un peu en deçà de ses grands disques mais dans la très bonne moyenne de sa carrière. Motörhead prouve aussi une quasi immortalité et il faudra encore compter avec lui un sacré bout de temps encore, la retraite ne semblant clairement pas d'actualité quand on écoute une telle galette.