Originaire de Louisville, Kentucky, USA, The Fervor épouse avant tout la forme d'un couple, à la fois à la ville et sur scène, celui unissant Natalie et Ben Felker. Cette structure à quatre mains, à laquelle se sont ensuite greffés deux autres musiciens, détermine la tonalité d'une musique forgée autour de la combinaison chant féminin/clavier (elle) et guitare/ambiance (lui), le reste étant (presque) accessoire. Discrète, la rythmique saupoudre délicatement, à la manière de ce qui se faisait à l'aube des années 70 ("Bent Around A Dying Dream"), un Rock feutré tout en harmonie(s).
Après un galop d'essai, Bleeder en 2007, qui semble déjà remonter à une éternité dans notre société où tout va très (trop) vite, le duo nous revient avec Arise, Great Warrior, fruit de longues sessions d'écriture. Ce qui frappe surtout à l'écoute de ces sept respirations, ce sont les qualités de leurs mélodies et de leurs arrangements, finement ciselés, témoin de cette lente gestation.
Une grande maîtrise ainsi qu'une généreuse quiétude coulent de ce disque plein de fraicheur, reposant, où la puissance est remplacée par une science à la fois naturelle et minutieuse de la ligne mélodique. "Let's Get Load" et son piano dynamique, le long et stratosphérique "Birds On The Bridge" dont les teintes flirtent parfois avec le rock progressif, "Crazy For The Feeling" où la guitare s'énerve un peu plus (tout est relatif) séduisent. Tout comme le chant délicieux de Natalie Felker, clé de voûte de ce havre de paix chaleureux où l'on se sent tout de suite chez soi. C'est simple et charmant.
Dommage toutefois que Arise, Great Warrior ne soit pas un peu plus long. Son menu défile (trop) vite, ce qui prouve, il est vrai, sa qualité. Mais, après plus de quatre années d'absence, c'est un sentiment de trop peu qui reste dans la bouche quand bien même il est agréable de voir encore un groupe avoir le bon goût de ne pas se forcer à remplir son disque. The Fervor mérite d'être découvert et de rencontrer le succès. Forts de cette seconde offrande impeccable dont les harmonies ne sont pas prêtes de déserter la mémoire, et s'ils transforment assez vite cet essai, gageons que c'est un ciel sans nuage qui devrait se profiler à l'horizon pour les Américains.