Voilà maintenant près de 12 ans que Jim Matus dispense ses tribulations ethniques à travers deux formations différentes : Paranoise puis Mawwal. Ce dernier est composé d'un noyau dur de 3 musiciens réunis autour de leur inspirateur, rejoint par un collectif qui va intervenir en fonction des besoins en instruments sur les différents titres. Jouant énormément en live tout en improvisant beaucoup, Mawwal publie néanmoins ses compositions en studio, "Black Flies" étant le premier album sorti en 2007 sous le label Ancient Records.
Fervent admirateur de la musique world dans toute son acceptation, Jim Matus introduit des influences issues de différents continents, jouées à l'aide de toute une panoplie d'instruments. Inspiré par des musiciens comme Peter Gabriel, Nusrat Fateh Ali Khan, ou Yousou N'Dour, Mawwal prend la musique mondiale et lui donne une nouvelle direction la rendant quasi familière. Matus et ses musiciens mélangent ainsi des éléments de jazz, de rock avec des sons indigènes traditionnels. Des dispositions vocales inventives dans l'arabe et l'anglais s’entrelacent avec le violon et la percussion traditionnelle sur tabla et tambour. Cela fait aussi penser à un groupe français comme LoJo pour les vocalises et les chœurs en particulier. L’auditeur y trouvera de la flûte comme sur le titre ‘Black Flies’, du didgeridoo comme sur ‘Haq Ali’, des tablas comme sur le titre introductif de l’album, des violons également qui viennent étayer l’ensemble musical sur un grand nombre de titres. Des pièces traditionnelles de la Libye, de la Syrie et du Yémen sont ainsi explorées, transformées puis mélangées aux sons du Middle Eastern Américain avec des dispositions étonnantes par Jim.
Les ambiances sont intéressantes et variées et plusieurs morceaux se révèlent au-dessus du lot, tel ‘Yurodivy’ avec une rythmique entêtante à la guitare traditionnelle, mais aussi ‘Black Flies’ et ses chœurs africain qui mettent la pêche, ou encore la perle ‘Big Machine’, morceau fusion marqué au sceau du progressif.
"Black Flies" est un album surprenant, mais qui aura du mal à accrocher les personnes non averties. Si la composante world est bien présente et travaillée, le côté rock passe au second plan et pourra dérouter les adeptes d'un rock progressif (ou non) plus traditionnels. Les fans de world music suivront probablement avec beaucoup d’intérêt et d’envie, ce ne sera pas forcément le cas des autres, même si ce genre de compositions peut être un premier pas pour découvrir de la musique ethnique et inversement.