Etrange que cet album soit déjà sorti depuis plusieurs mois mais uniquement en Australie ! "Hell In A Handbasket" est disponible depuis fin septembre 2011 sur le continent des kangourous mais les éditions américaines et européennes ne sortiront qu'en mars de cette année. Elle possède un ordre des morceaux différent mais la liste est la même. Meat Loaf renoue avec toute une série de compositeurs, dont certains sont de vieilles connaissances, alors que trois titres sont signés ou co-signés par Sean McConnell, des titres initialement prévus pour l'album précédent avant que celui-ci ne prenne une tournure différente.
Les morceaux sont plutôt diversifiés, mais moins marqués par le Hard-Rock que précédemment. A part sur un titre comme "Party Of One" assez orchestré et lourd, le son n'est pas énorme (on a quand même un gros son sur une petite moitié de l'album) et les morceaux ne sont jamais développés au-delà de 5 minutes à la différence de pas mal de titres populaires de Meat Loaf. Par contre, on note quelques effluves americana comme on dit aujourd'hui. Disons plutôt que le blues et la country, le folk made-in USA en somme, transparaissent ici et là, comme sur la ballade "Our Love And Our Souls" (en duo avec Patti Russo) ou encore le plus dynamique "Live Or Die" et le très rock-blues "Forty Days". Le côté blues a toujours été là, le côté gospel moins, encore que l'on remarquait un style américain plus traditionnel sur le précédent album "Hang On Cool Teddy Bear". Ainsi les arrangements incluent une guitare pedal steel et parfois un violon joué façon fiddle, ou de la mandoline. On peut surtout entendre à plusieurs reprises des chœurs de gospel – en intro de "All Of Me" et tout au long de "The Giving Tree", par exemple. Il y a également plusieurs belles ballades, comme souvent avec Meat Loaf, notamment l'hymne "Blue Sky", avec son arrangement de piano et d'orgue qui devient progressivement de plus en plus riche avec des chœurs gospel, guitare et percussion. Mais de manière générale, en dépit de quelques riffs accrocheurs aux airs de déjà-entendu (une habitude chez les compositeurs qu'il utilise ces temps-ci), les mélodies sont fortes et beaucoup de morceaux pourraient faire des singles. Au niveau de la voix, notre homme est définitivement très en forme, avec un vibrato toujours impressionnant.
D'un autre côté on ne retrouve pas ou peu ici le côté à la fois orchestral et très rock des "Bat Out Of Hell" qui figurait encore sur "Hang On Cool Teddy Bear". Inutile d'espérer donc des parties instrumentales très développées. L'équipe qui joue sur l'album est à peu près la même que sur les deux précédents disques, The Neverland Express, avec cependant une kyrielle d'invités. Parmi ceux-ci, on se serait bien passé des deux rappeurs, Lil Jon, plus Chuck D de Public Enemy), qui interviennent curieusement sur des morceaux assez rock, comme un cheveu sur la soupe. Le mid-tempo rock'n'roll "Mad Mad World" plus typique de Meat Loaf avec son gros arrangement cumulant guitares, piano, orgue et chœurs est gâché par le passage rap interminable sur fond de claviers et de batterie. Chuck D brame "Shut up" à un moment et c'est ce qu'on a envie de dire à l'écoute de ce passage ! Le très rock et inspiré "Stand In The Storm" avec sa guitare pedal steel est également complètement dénaturé pendant plus de trente secondes par les aboiements de Lil Jon sur fond de boucles électroniques et de synthés ! Heureusement, ce ne sont que deux morceaux sur douze mais quelle idée est passée par la tête de Meat Loaf ? Est-ce pour faire jeune ? Heureusement que l'album se conclue de belle façon avec une reprise assez inattendue du fameux "California Dreamin' " de The Mama's And The Papa's (1965), interprété en duo avec Patti Russo. Version sympathique et chantée avec douceur et classe mais qui n'a pas la couleur vocale et sonore typique des sixties de l'originale, avec quelques synthés et boucles rythmiques discrètes mais quelque peu déplacées dans le contexte.
Bref nous avons affaire à un album mi-figue, mi-raisin, inégal mais globalement de bonne qualité, si on excepte les deux grosses fautes de goût déjà mentionnées. Les petites références country/folk sont également assez inattendues. Certains regretteront sans doute le côté plus orchestral et la démesure des albums produits par Jim Steinman. Celui-ci reste définitivement le meilleur compositeur et le plus original avec lequel ait travaillé le chanteur, mais il s'agit cependant d'un album fort bien arrangé et produit, qui contient une belle série de bonnes chansons et où les performances vocales de Meat Loaf sont impressionnantes.