Trois longues années se sont écoulées entre la parution du premier opus de DeeExpus, alors affublé d'un Project désormais oublié, et la sortie d'un ambitieux King Of Number 33, pour lequel le groupe britannique s'est sensiblement rapproché de la sphère marillionesque, en étant tout d'abord publié sur le label du groupe, Racket Records, mais surtout en intégrant en son sein Mark Kelly, dont il s'agit en l'occurrence de la première expérience en-dehors de son groupe fétiche. Entre temps, la section rythmique a également été remplacée, l'excellent duo Rogers/Dawson rejoignant le noyau dur formé par Andy Ditchfield et Tony Wright, tandis que l'on apprenait également récemment le départ du guitariste Steve Wright.
Tous ces soubresauts n'ont heureusement pas nui à la qualité musicale déjà présente sur le premier opus, Half Way Home, bien au contraire. Avec cette nouvelle production, centrée autour de la suite éponyme de 26 minutes, DeeExpus s'affirme comme un des nouveaux fers de lance du néo-progressif britannique.
Si l'entame de l'album se veut musclée, dans la mouvance de Porcupine Tree, avec des guitares tranchantes aux sonorités très métalliques, l'aspect mélodique va très rapidement reprendre le dessus, ramenant le groupe dans des eaux néo-progressives au sens large du terme, visitant tour à tour les contrées de Pallas, Illuvatar voire même un Clepsydra qui aurait musclé son jeu ! Incontestablement, ce groupe est capable de pondre des lignes de chant jubilatoires, renforcées par un accompagnement tout simplement parfait. Un mot également de la (nouvelle) section rythmique, pour souligner son importance dans l'espace sonore du groupe : la comparaison avec Marillion est inévitable, tant le jeu à la fois discret et subtil du batteur se rapproche de celui de Ian Mosley, tandis que les lignes de basse se révèlent d'une richesse incroyable.
De même, loin de noyer les morceaux sous un déluge de guitare, l'alternance équilibrée claviers / guitares dans le leadership des différentes parties s'avère tout simplement parfaite. Ni trop ni trop peu, les soli sont placés avec à propos, et viennent achever de tirer les émotions, titillant avec bonheur les glandes lacrymales. Chaque titre comporte ainsi ses moments jubilatoires, parfois à la limite du pompeux (Never Ending Elysium) mais sans jamais franchir la ligne rouge ; d'ailleurs, l'emploi du mode majeur vient apporter une touche joyeuse fort bien venue, décuplant les émotions portées par des mélodies toujours aussi inspirées.
Album très accessible en raison de sa richesse mélodique incontestable, The King Of Number 33 réserve pourtant de nombreuses découvertes au fil des écoutes et ravira aussi bien les amateurs d'un rock néo-progressif très gouleyant que les amateurs de musiques plus complexes, mais qui ne resteront pas insensibles à la qualité de cette production. Assurément un très bon cru, qui conservera sa saveur de nombreuses années.