Après un premier jet lancé en 2008 sans trop faire de vague, The Baltic Sea revient en 2011 avec son deuxième effort "Period Piece", une œuvre imposante sur la forme, de presque une heure estampillée sans doute trop vite post-rock.
Le quintet de Portland ne semble en effet pas porter d’intérêt aux étiquettes trop encombrantes et se laisse naviguer au gré de sa créativité. Dès "The Free Design", s’entremêlent dans un fourbi pourtant maitrisé des idées puisées dans les eaux du post-rock mais que des courant alternatifs voire progressifs viennent troubler. Le trio de guitares plante alors un décor aux ambiances tantôt atmosphériques, tantôt plus impétueuses. Ce premier morceau doit déjà demander une certaine attention, non seulement du fait de sa durée mais aussi de sa succession de phases convulsives et vaporeuses.
Plus tard, sur "Foss" ou "Heavy Is The Cost" s’y substituent des rythmiques cadencées plutôt rencontrées chez Oceansize. Sans être foncièrement classiques, on reprend un peu pied après le ressac incessant du titre introductif qui dessinait déjà l’architecture de chaque mouvement de "Period Piece".
Pourtant le travail des Américains, qui semble a priori des plus ambitieux, laisse perplexe quant à l’effet rendu. Peu ou pas de réels déchirements au niveau des tensions, de moments gorgés d’émotion ni de trouvailles ponctuant avantageusement les longues traversées. Quoique les affinités de l’éponyme "Period Piece" avec les mélodies floydiennes peuvent encore atténuer ce jugement, cette mer là demeure trop tiède pour vouloir s’y plonger. Chaque segment d’album se conclue avec trois petits points comme s'il manquait quelque chose qui vienne appliquer une couche de cohérence, de joliesse et donc d’intérêt. Pourquoi faut-il par exemple attendre plus de 5 minutes de fifrelin sur "MirrorrorriM" pour qu’enfin surgisse bien que brièvement un majestueux fauve aux griffes électriques ? Même constat sur le dernier "The All Consumers"…
La tambouille préparée par The Baltic Sea laisse donc un peu sur notre faim. Pas de quoi leur tourner le dos complètement mais une troisième épreuve du même acabit pourrait devenir beaucoup plus occultant.