Dépressifs s'abstenir ! Voilà un avertissement qui pourrait être judicieusement apposé sur le premier album de M Fallan tant la musique qu'il contient traine une tonne de cafard. M Fallan est un jeune parisien qui a officié dans divers groupes punk/rock (actuellement bassiste d'Hateful Monday) avant de se décider à se lancer en solo dans un style beaucoup plus dépouillé et introverti. Point de riffs furieux ni de déferlement de décibels sur "Contagious". Ici la douceur et l'émotion sont de rigueur, même si elles n'excluent pas quelques montées d'adrénaline.
"Contagious" contient dix balades assez courtes (seule 'Oblivion' dépasse les quatre minutes) utilisant sensiblement les mêmes recettes : un tempo lent, une atmosphère sombre, une présence instrumentale sans esbroufe et un chant déprimé. La voix de M Fallan est l'arme fatale de ce disque : flottante, trainante, touchante d'imprécision, ce n'est pas celle d'un chanteur exceptionnel. Et pourtant ce chant toujours à la limite de la fêlure, empli de fragilité et d'une tristesse à fendre l'âme provoque avec une facilité déconcertante des frissons bienvenus.
Si la tonalité générale de l'album renvoie essentiellement à Aaron et à Archive, on perçoit au fil de l'écoute bien d'autres influences : un vieux Pink Floyd acoustique au détour de 'Drown Once Again', la new wave d'Alphaville sur 'The Road To Ruin' et même le désespoir glauque d'Alice Cooper ('Dead Babies', 'Killer') sur 'Weak', titre gluant d'angoisse et de solitude, anxiogène à souhait. Un grand titre. Autre point d'orgue, 'Oblivion' dont le chant funèbre et le lugubre accompagnement au piano fendront l'âme des plus endurcis.
"Contagious" n'est cependant pas exempt de défaut, certains titres apparaissant parfois un peu faibles et redondants ('Willing And Able', 'Wasteland'). L'interprétation musicale est honnête mais sans virtuosité particulière. Quant à la voix, peu importe sa justesse ou son amplitude, son timbre désabusé est son meilleur atout, qui distille le venin de son mal-être jusqu'au tréfonds de votre cœur. Pour peu que vous y soyez sensibles, vous tenez là un album qui devrait vous faire passer de bien belles soirées mélancoliques.