Un peu de Rock britannique (pardon, écossais!), cela vous tente ? Amateur de ses sources d’inspiration, de son énergie, de ses convictions ? Faites confiance à La Paz ! Le fringant quintet n’est pas spécialement connu pour ses dons de productivité (ce nouvel opus nous parvient longtemps après les repères discographiques précédents et la formation existe depuis 1980), mais il pratique un art musical qui a traversé les âges, sans avoir pris une ride.
On retrouve ainsi La Paz avec ce "Granite" totalement décomplexé, comme s’il faisait suite à un intense et long palmarès. Hé bien, nos Ecossais ont eu raison de garder leur sang-froid. A mi-chemin entre l’AOR et le Hard FM, distribuant ses munitions à parts égales entre galops rythmiques et mid-tempo, et doté d’une production de qualité plus qu’honorable, le projet a de quoi séduire pas mal de monde. La recette est sobre, mais efficace : avant tout, des atouts ! Le vocal de Doogie White, pour commencer : assez classique dans le genre, plutôt haut perché, il témoigne néanmoins d’une confortable amplitude tonale, ajustée au gré des besoins. L’approche mélodique, ensuite. Elle n’envahit jamais la composition, pour laisser de l’espace à l’atmosphère rock dégagée en permanence par les phrasés de la guitare soliste ou rythmique; mais sa simplicité s’accorde avec pertinence.
Les harmonies de "Granite" sont de celles qui s’installent résolument au fond du cortex, pour revenir vous titiller l’esprit lorsque l’humeur du moment vous appelle à fredonner, quelques heures ou quelques jours après le traitement. En cela, la puissante ballade 'Amy', se rapprochant du milieu de programme afin de sonner le moment de la pause (toute relative), est particulièrement bien servie. Elle s’offre même le luxe d’un arrangement sonore aux saveurs de clavecin, du plus bel effet. Et puisqu’on parle de clavier, il faut lui consacrer quelques lignes de plus car il joue un rôle modérateur dans la musique de La Paz, lui conférant ainsi une touche stylistique particulière : s’il est lumineux et scintillant dans son accompagnement sur 'Amy', il s’allonge ailleurs en soyeuses nappes, adoucissant sensiblement le propos radical de la guitare et de la batterie ('This Boy', 'Too Good To Lose'), ou bien partage avec l’orchestration rock des élans d’hymnes scéniques en cavale ('What Do You Say').
L’homogénéité globale est plutôt convaincante, si ce n’est la parenthèse de 'Just For Today', un peu stéréotypé, misant tout sur une section rythmique volontairement pesante mais exagérément appuyée par les cordes électriques (mais pourquoi faut-il toujours un intrus de la sorte, dans ce modèle de projet ?). En tout cas, beaucoup de punch, et la hardiesse de l’interprétation au service d’une musique à la verve indémodable : voilà une bien belle occasion de célébrer le Scottish Rock !