Avant de conduire le projet Mawwal, le guitariste américain Jim Matus a créé Paranoise, de conception plus expérimentale, associant musiques moyen-orientales, samples, jazz et rock à tendance lourde. Le combo a fait paraître quatre albums entre 1988 et 2001, “Private Power” est l’avant-dernier d’entre eux.
Si Mawwal garde une ligne mélodique assez affirmée, Paranoise flirte avec l’expérimental, associant le traditionalisme moyen-oriental au modernisme jazz-rock. Il s’agit donc d’une conception originale, mais qui risque de ne pouvoir toucher qu’un public averti.
Sur le papier, l’idée est bonne et pourrait livrer un chatoyant album de prog-fusion aux sonorités moyen-orientales. Dans les faits, le résultat est décevant, avec une instrumentation assez uniforme en dépit de la mixité musicale revendiquée, associant le violon électrique aux percussions arabes et africaines, tout en gardant une ligne de basse typée rock. La production est trop étouffée pour profiter des subtilités attendues, et le chanteur a une voix assez quelconque, peu porteuse d’émotions. Ajoutons que les motifs sont souvent répétitifs, les variations instrumentales limitées à de simples improvisations, et quant aux propos des textes, parfois exposés dans des déclamations ou des samples en boucle (‘Private Power’, lassant), ils paraissent souvent maladroits. Quelques éclairs subsistent çà et là, à l’image de l’intervention de la guitare au début de ‘Centerless Grinding’. Pour le reste, bien des morceaux se perdent dans la dilution et donnent une furieuse envie de zapper sur le suivant : ‘Structural Adjustment’ apparaît comme un collage artificiel de près de 9 minutes, et les dernières minutes de ‘Monuments’ sont littéralement incompréhensibles.
Sur ce “Private Power”, les louables intentions qui ont présidé à la réalisation du projet ont fait long feu. Pour les amateurs de fusion folk, préférer l’album suivant, beaucoup mieux produit et plus inspiré.